Le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, avait déjà laissé entendre la fin de l'implication de son armée de mercenaires dans la guerre d'Ukraine, il y a quelques semaines. Maintenant, les indices se multiplient quant aux projets plus ambitieux qu'entretient la Russie pour cette dernière.
Evgueni Prigojine prévoit de déplacer le centre d'activité de Wagner en Afrique, rapporte le portail d'information américain Bloomberg. Cela fait des années que la Russie a étendu sa sphère d'influence dans des zones comme le Sahel ou le Moyen-Orient grâce à Wagner.
Ainsi, le réseau de mercenaires travaille notamment pour le dirigeant syrien Bachar al-Assad. Dernièrement, il y a aussi eu de plus en plus d'indices selon lesquels Wagner s'est implanté au Burkina Faso depuis que le pays a demandé le retrait des troupes françaises.
En Ukraine, les mercenaires de Wagner ont été utiles à Vladimir Poutine et ont permis de gagner du terrain grâce à leur stratégie d'attaque brutale et suicidaire. Evgueni Prigojine a recruté des soldats dans les prisons russes pour satisfaire ses besoins massifs de soldats. On promettait aux prisonniers de l'argent et la liberté s'ils rejoignaient les troupes de Wagner.
Mais cela a changé: Wagner n'a plus le droit de piocher dans cet immense vivier de recrutement. C'est désormais le ministère russe de la Défense qui utilise les prisons pour regarnir les rangs de son armée.
Dans une offre d'emploi publiée la semaine dernière, l'armée de Wagner indiquer chercher non seulement des mercenaires pour l'Ukraine, mais aussi pour opérer sur le continent africain, selon Bloomberg. Mais pour quoi faire?
Les observateurs mettent en garde contre les conséquences des actions de ces militaires, qui pourraient s'étendre jusqu'à la Méditerranée. En effet, depuis le début de l'année, le nombre de migrants souhaitant immigrer en Europe depuis l'Afrique du Nord augmente considérablement. L'Italie en particulier est confrontée à une activité de passeurs intense et subit de fortes critiques pour sa politique répressive.
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, prend apparemment très au sérieux les indications selon lesquelles les intérêts russes seraient à l'origine de l'augmentation des migrants. Ses services secrets ont récemment qualifié cela d'«activités accrues de sociétés militaires privées russes». Celles-ci voudraient déstabiliser l'Afrique du Nord et de l'Ouest et provoquer une hausse du nombre de migrants vers l'Europe.
Le ministre italien de la Défense, Guido Crossetto, a été plus clair en citant publiquement le groupe Wagner dans le contexte de l'augmentation de l'immigration. Et Adolfo Urso, également membre du gouvernement italien, parle dans le journal Il Messaggero d'un chantage russe. Il rappelle qu'un tel procédé n'est pas nouveau dans la guerre hybride menée par la Russie.
Ainsi, avant le début de la guerre en Ukraine, la Biélorussie, le plus proche allié restant de Poutine en Europe de l'Est, avait installé une sorte de pont aérien depuis des pays comme la Syrie ou l'Afghanistan. Une fois à Minsk, les migrants tentaient de franchir la frontière polonaise pour rejoindre l'UE. Le nombre de demandes d'asile avait alors considérablement augmenté.