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Gims chez Oui Hustle: «les pyramides, c'étaient des antennes»

«Les pyramides, c'étaient des antennes»: Gims disjoncte à plein tube

«50 000 ans avant les Européens, la notion de la chevalerie, on l’avait déjà». Le chanteur Gims en roue libre dans une interview accordée à une chaine YouTube. Malaise identitaire et «complexe du colonisé».
11.04.2023, 18:5012.04.2023, 11:46
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Gims, le chanteur «multimillionnaire», comme le présente avec respect une partie de ses fans, a remis une poignée de dollars wakandais dans l'appareil à choc des civilisations. Interviewé il y a quinze jours par la chaîne YouTube Oui Hustle, l’ancien Sexion d’Assaut et ex-Maître Gims a fait un bon spatio-temporel de plusieurs dizaines de milliers d’années dans le fakeland. La chose est remontée ces dernières heures aux oreilles de Twitter, qui s’indigne, se moque, s’inquiète.

Pourquoi en parler? Parce que, entre autres et comme le fait remarquer le démystificateur de complots Tristan Mendès France:

«Gims, c’est trois millions d’abonnés sur Twitter, 11 millions sur FB, 11 millions sur YT. Surtout des jeunes qui le prennent pour modèle. Et qui vont entendre ça.»

Ça? Dans cet entretien d’une heure et trente-sept minutes, la star congolaise, lunettes noires de rigueur, aborde des thèmes qui lui sont chers, parmi eux, la religion (Gims est converti à l’islam) et la géopolitique sur fond de rivalité entre les Blancs et les Noirs. C’est après avoir confié qu’il souhaiterait «faire partie des personnages» marquants de l’histoire africaine récente, les Sankara et Lumumba, icônes du combat tiers-mondiste, que Gims s’envole ou dérape, comme on voudra.

Déplorant que les richesses minières échappent, hier comme aujourd’hui, aux Congolais, évoquant le «génocide» en cours dans la région de Kivu, à l’est de la RDC, il convoque un âge d’or africain, mère de la civilisation, le Wakanda, nom qu’il donne à l’Afrique, popularisé par les comics américains et la franchise Black Panther au cinéma.

Gims opère des allers-retours entre le passé et le présent, cite en exemple l’«empire de Koush», la Nubie actuelle, une civilisation de l’Antiquité égyptienne avec à sa tête des pharaons noirs. Une référence chez beaucoup de jeunes Africains en quête de prestige identitaire et qui prend chez Gims des proportions extravagantes. Avec beaucoup de sérieux, il assène ses vérités:

«A l’époque de l’empire de Koush, il y avait l’électricité»
«Les pyramides qu’on voit, là, au sommet, il y a de l’or. L’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité. C’étaient des foutues antennes, les gens avaient l’électricité»
«Les Egyptiens, la science qu’ils avaient, ça dépasse l’entendement et les historiens le savent»
«L’Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens, on les appelait les Afropéens. Ils ont été décimés par les vrais Européens, entre guillemets, qui venaient d’Asie, on les appelait les Yamanyas»
«50 000 ans avant les Européens, la notion de la chevalerie, on l’avait déjà»
«Tu retrouves aujourd’hui des tableaux qui sont classés, cachés dans des catacombes. Ce sont des Renois qui sont en mode chevaliers, Sir Lancelot, tout ça»

Cette histoire héroïque serait celle des Africains, qui en auraient été dépossédés, si l’on suit le raisonnement de Gims. Il le dit:

«C’est juste qu’il faut connaître notre histoire. On veut nous faire croire que notre histoire, elle a commencé sur un (navire) négrier, (sur lequel) on est en train de ramer en sueur. Non»

L'extrait en question 👇

Vidéo: watson

«Complexe du colonisé» et accents suprémacistes

L’histoire fantasmée par Gims et qui dépasse ici l'entendement, pour reprendre l'un de ses termes, est à rapprocher de ces récits en vogue dans les milieux décoloniaux, qui cherchent à démontrer que ce qui fut longtemps appelé le tiers-monde n’est redevable en rien à l’Occident, dénoncé comme un pilleur de richesses. Ce faisant, il s’agit de se débarrasser du «complexe du colonisé», cet individu dont l’histoire n’a pas commencé avec l’«homme blanc».

Toutes les rebuffades essuyées par la France ces dernières années en Afrique noire, au Mali, au Burkina Faso et récemment en République démocratique du Congo lors d'un voyage d'Emmanuel Macron, au cours duquel il n'a pu s'empêcher de faire la leçon à ses hôtes, s’inscrivent dans cette réappropriation de l’histoire. Une démarche non exempte d’accents suprémacistes, comme dans les présentes visions fantasmagoriques de Gims, assaisonnées de complotisme. Comme le dit encore Tristan Mendès France cité plus haut:

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