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Friedrich Merz (CDU/CSU) ne s'alliera pas avec l'AfD

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Friedrich Merz, chef de file des démocrates-chrétiensKeystone

Le vainqueur allemand ne s'alliera pas avec l'extrême droite

Friedrich Merz, gagnant des législatives en Allemagne, ne compte pas sur l'AfD pour former son gouvernement de coalition, malgré le résultat record du mouvement nationaliste lors du scrutin.
24.02.2025, 06:2124.02.2025, 08:18
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Les conservateurs allemands ont remporté dimanche les élections législatives allemandes anticipées, marquées par un score record de l'extrême droite. Ce scrutin est crucial pour une Europe en plein doute face à la fracture avec les Etats-Unis de Donald Trump.

Le vainqueur du scrutin et chef de file des démocrates-chrétiens, Friedrich Merz, pourtant atlantiste convaincu, a immédiatement annoncé vouloir opérer un virage radical pour l'Allemagne, en émancipant l'Europe de Washington en matière de sécurité. Son bloc constitué autour des partis démocrates-chrétiens CDU et CSU, actuellement dans l'opposition, a obtenu 28,6% des suffrages, selon les résultats officiels.

Cette victoire est plus étriquée qu'escompté. Mais Friedrich Merz a désormais toutes les chances de devenir le nouveau chancelier, en remplacement du social-démocrate Olaf Scholz, dont le mouvement SPD, avec 16,4%, enregistre son pire score de l'après-guerre.

Affirmant disposer d'un «mandat clair» pour «changer» le cap politique du pays, Merz a dit viser la formation d'un gouvernement de coalition «au plus tard à Pâques», autrement dit le 20 avril.

«Changer» de politique

Une chose est acquise: il ne s'alliera pas avec l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), malgré les appels du pied de la formation nationaliste et anti-migrants.

Le mouvement nationaliste d'Alice Weidel, soutenu depuis des semaines avec énergie par les proches du président américain Donald Trump, atteint avec 20,8% un résultat record. Son ambition déclarée: devenir bientôt le premier parti du pays.

«Les gens en ont assez. Ils ne sont pas contents de la politique pratiquée par les partis traditionnels parce que les prix augmentent toujours plus [...] et les gens ont vraiment peur après la série d'attentats» commis ces dernières semaines dans le pays, dit à l'AFP Karin Kuschy, retraitée de 63 ans et électrice de l'AfD à Berlin.

Les bouleversements tectoniques du paysage politique allemand surviennent au moment où la première économie européenne traverse des crises multiples qui remettent en cause son modèle de prospérité, entre récession et fossé de plus en plus profond entre l'Europe et les Etats-Unis, notamment autour de l'Ukraine.

«Un grand jour pour l'Allemagne»

Le président Donald Trump a parlé d'«un grand jour pour l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique» suite au scrutin. Mais Friedrich Merz a d'emblée affiché comme «priorité absolue» la création d'une «capacité de défense européenne autonome» comme alternative à «l'OTAN dans sa forme actuelle».

Compte tenu de «l'indifférence» de Donald Trump à l'égard de l'Europe, le continent doit atteindre «progressivement l'indépendance vis-à-vis des États-Unis», a-t-il proclamé. Il s'agit d'un tournant pour l'Allemagne qui depuis 80 ans compte sur le «parapluie» américain pour sa sécurité.

Ce désir d'émancipation de son allié traditionnel survient après le rapprochement amorcé par Washington avec la Russie pour forcer un règlement de la guerre en Ukraine, quitte à ignorer les intérêts de Kiev et des Européens.

Le président français Emmanuel Macron a félicité Friedrich Merz et affirmé que les deux hommes étaient «plus que jamais déterminés à faire de grandes choses ensemble».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait de même, disant sa «hâte de continuer à travailler pour la paix et pour renforcer l'Europe» qui doit être «capable de se défendre».

L'échec du FDP

Dans l'immédiat, le conservateur de 69 ans, vieux routier de la politique allemande mais encore sans expérience gouvernementale, va devoir trouver une majorité à la chambre des députés pour former son gouvernement.

Le parti libéral FDP, qu'il espérait avoir à ses côtés, a échoué à atteindre le seuil minimum requis de 5% pour entrer au Bundestag. Son président et ancien ministre des finances, Christian Lindner, a annoncé dans la foulée quitter la politique.

Friedrich Merz compte se tourner en priorité vers les sociaux-démocrates, malgré leur résultat, de leur propre aveu, «catastrophique». Ces deux partis disposent au final ensemble d'une courte majorité de sièges à la chambre des députés.

Ils bénéficient pour cela indirectement de l'échec, d'extrême justesse, d'un petit parti anticapitaliste mais aussi antimigrants, BSW, à atteindre le seuil minimum de 5% des voix nécessaire pour entrer au Bundestag. BSW a atteint 4,97%, selon le résultat final, ratant le coche de 13'000 voix seulement.

Cette issue évite aux conservateurs de chercher un troisième allié pour une coalition, avec le risque d'un gouvernement d'emblée instable.

Donnée moribonde il y a quelques mois, la gauche radicale du parti Die Linke a, quant à elle, connu une renaissance, à 8,8%, sur un programme très social et hostile à l'extrême droite, qui a séduit les jeunes notamment. (jzs/ats)

Donald Trump n'a pas aimé se faire sermonner
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