La candidate de l'AfD vit en Suisse sans y payer ses impôts
La candidate de l'extrême-droite allemande pour le poste de chancelier a vécu un moment compliqué en direct, sur la chaîne RTL. Et cela a un rapport avec la Suisse.
En plein débat électoral, et à une semaine des législatives en Allemagne, le visage de la star du parti AfD s’est tendu lorsque l'animateur Günther Jauch lui a posé une question plutôt personnelle:
Günther Jauch:
Alice Weidel:
L’échange en intégralité 👇
Alice Weidel: Ma compagne est suisse. Elle a donc son domicile en Suisse. Je suis enregistrée en Allemagne, j'y ai mon domicile. Ma femme aussi d'ailleurs et les enfants également. Je paie mes impôts ici. J'exerce en Allemagne en tant que présidente de groupe parlementaire et de parti. Je travaille ici. Voilà. Et je veux faire de la politique pour notre pays, contrairement à tous les trois autres ici. (Elle montre du doigt les autres candidats dans le studio.)
Günther Jauch: Mais je voudrais revenir sur ce point. Cela signifie que vous payez des impôts en Allemagne sur tous vos revenus?
A.W.: Je paie des impôts en Allemagne. C'est correct, bien sûr.
G.J.: Sur tout ce que vous touchez?
A.W.: Oui, c'est exact. C'est tout à fait normal selon la convention de double imposition.
G.J.: Vous ne payez donc aucun d'impôt en Suisse ?
Non! (Rires)
Dans cet échange, Alice Weidel a minimisé sa vie à Einsideln, dans le canton de Schwyz. Elle y vit avec sa partenaire, la réalisatrice Sarah Bossard, et leurs enfants. Ceux-ci vont également à l'école en Suisse. Le couple a acheté un duplex au bord du lac de Sihl.
L'indépendance semble être importante pour le couple, et chacune des deux femmes possède un étage de la propriété. C'est ce que montre l'extrait du registre foncier.
Cela signifie que Weidel paie également des impôts en Suisse, car elle doit déclarer la valeur locative comme revenu et son appartement comme fortune.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole d'Alice Weidel explique sa situation fiscale de la manière suivante:
Comment ça marche, alors?
Depuis plus de cinquante ans, l'accord contre la double imposition veille à ce que personne ne doive payer ses impôts à double, en Suisse et en Allemagne par exemple. Pour comprendre cet accord, parcourons-le point par point.
- Si une personne réside dans les deux états, et serait également assujettie à l'impôt dans les deux, c'est le lieu où elle a les liens personnels et économiques les plus étroits qui est déterminant. C'est bien en Suisse qu'Alice Weidel a ses liens personnels les plus étroits. En revanche, elle entretient ses relations économiques les plus importantes en Allemagne. La question étant controversée, Weidel peut se prévaloir du deuxième point.
- Si le centre des intérêts vitaux ne peut pas être déterminé, la personne est considérée comme «un résident de l'État contractant dans lequel elle a sa résidence habituelle.» Interrogée sur ce point par un journaliste de la ZDF qui demandais combien de nuits elle passait dans son lieu de résidence allemand, elle a interrompu l'interview et a filé. La convention de double imposition laisse une marge de manœuvre pour ce genre de justifications. C'est là que le troisième point entre en jeu.
- Si la personne a sa résidence habituelle dans les deux états contractants, elle est considérée comme résidente de l'État dont elle a la nationalité. Comme Alice Weidel n'est qu'allemande, elle peut donc être imposée sur son revenu principal en Allemagne, quand bien même elle n'y résiderait guère.
A Einsiedeln, les autorités protègent la citoyenne Weidel. Le responsable des finances ne veut rien dire sur ce dossier fiscal, mais critique au téléphone un «acharnement» médiatique contre leur célèbre habitante.
Traduit de l'allemand