Le parti d'extrême droite allemand AfD a franchi dimanche soir une nouvelle étape dans sa progression électorale. Il a fait élire son premier maire à plein temps d'une commune de l'est du pays, une semaine après sa première collectivité territoriale.
Hannes Loth, 42 ans, a été élu sous les couleurs de l'Alternative pour l'Allemagne à la tête de Raguhn-Jessnitz, une localité de 9000 habitants du Land de Saxe-Anhalt. Avec 51,13%, cet élu du parlement régional a devancé un candidat sans étiquette.
Le maire sera en fonction à plein temps et, selon tous les grands médias allemands, il s'agit bien de ce point de vue d'une élection inédite.
De même, une commune du sud-ouest du pays de 12 000 habitants, Burladingen, a été dirigée entre 2018 et 2020 par un élu AfD, mais ce dernier n'avait pas été élu sous les couleurs du parti, il l'avait rejoint en cours de mandat.
Elle intervient dans un contexte de forte poussée dans les sondages de ce mouvement anti-migrants, eurosceptique et défendant des positions pro-russes, qui fut créé il y a dix ans. Selon un récent sondage publié par le quotidien allemand Bild, le mouvement devance avec 20% des intentions de vote le Parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz (19%).
Lors des dernières législatives en 2021, le parti d'extrême droite avait enregistré un score inférieur de moitié, avec 10,3% des suffrages. Il est particulièrement implanté dans l'est du pays, qui se sent laissé pour compte.
Le parti surfe depuis plusieurs mois sur les mécontentements d'une partie de l'opinion, nourris par l'inflation ou encore la transition écologique que tente de mettre en place le gouvernement, sous l'impulsion des écologistes, membre de la coalition au pouvoir.
Le président de l'Agence fédérale pour l'éducation civique, chargée de programmes d'enseignement en Allemagne, a mis en garde ce week-end contre le risque de ramener cette progression «à un simple mouvement de protestation».
«Les électeurs veulent ce parti, c'est là que la situation est grave», a indiqué Thomas Krüger. «Certaines positions se sont ancrées dans une partie de la société, qui ne sont pas conciliables avec les principes démocratiques et qui sont inacceptables», a-t-il ajouté. (ats/jch)