Le candidat surprise de l'élection présidentielle au Guatemala, Bernardo Arevalo, objet de tentatives de disqualification pendant la campagne électorale, a remporté dimanche le second tour du scrutin avec la promesse d'en finir avec la corruption.
«Heureusement, nous avons déjà une tendance extrêmement importante», a déclaré Irma Palencia, présidente du Tribunal suprême électoral (TSE), en annonçant que le vainqueur avait obtenu 59% des voix après le dépouillement de 95% des suffrages, contre 36% à sa rivale, l'ancienne Première dame Sandra Torres.
Le scrutin s'est déroulé sans qu'aucun «incident significatif» ne soit signalé, avait indiqué plus tôt le TSE, soulignant sans plus de précision un «pourcentage historique de participation».
Les deux candidats en lice se réclament tous deux de centre gauche. Mais si le premier cristallise les espoirs de changement dans un pays profondément inégalitaire, sa rivale est considérée comme la représentante de l'establishment.
A la tête du parti Unité nationale de l'espoir (UNE), Sandra Torres a promis des programmes d'aide sociale et diverses subventions pour les pauvres. Cependant, elle a gagné le soutien de la droite et des évangélistes et multiplié les discours conservateurs. «Les forces traditionnelles ont misé sur Torres, car Arevalo est considéré comme un risque pour la continuité du système», souligne auprès de l'AFP l'analyste politique Arturo Matute.
Dans la ville indigène de San Juan Sacatepéquez, à une trentaine de kilomètres de la capitale, les électeurs ont dit leurs espoirs de changement.
«On ne peut plus vivre nulle part car il y a beaucoup de criminalité», a déploré Maria Rac, une femme au foyer de 66 ans. Efrain Boch, un camionneur de 47 ans, a dit espérer que le nouveau président «s'attaque à la corruption qui nous affecte».
Qualifié à la surprise générale lors du premier tour, Bernardo Arevalo cristallise les espoirs de changement, notamment parmi les jeunes qui représentent 16% des 9,4 millions d'inscrits:
Le sociologue et ancien diplomate est le fils du premier président démocratiquement élu du pays, Juan José Arevalo (1945-1951). Celle qui a focalisé sa campagne sur la lutte contre les bandes criminelles et contre la pauvreté, a multiplié les attaques contre son rival, qu'elle a qualifié d'«étranger» car né en Uruguay durant l'exil de son père.
Trois décennies après la fin de sa brutale guerre civile, le pays le plus peuplé d'Amérique centrale est enlisé dans la pauvreté, la violence et la corruption, ce qui pousse chaque année des milliers de Guatémaltèques à émigrer. Le nouveau président prendra ses fonctions le 14 janvier 2024. (ats/jch)