International
Analyse

Ukraine: Biden et les USA disent-ils que Poutine a gagné la guerre?

Vladimir Poutine aurait-il gagné la guerre en Ukraine?
Analyse

Vladimir Poutine aurait-il gagné la guerre en Ukraine?

Zelensky fait cavalier seul, Biden dédouane la Russie et les Etats-Unis doutent d'une victoire militaire de l'Ukraine. Cette semaine, deux missiles non-identifiés sont venus curieusement redistribuer les cartes de joueurs qui dévoilent leurs doutes et produisent des effets de manche. L'Otan, qui s'est réveillée cette semaine en calmant le jeu, pourrait bien cacher une partie du sien.
17.11.2022, 18:45
Suivez-moi
Plus de «International»

Pourquoi l'huile militaire la plus puissante des Etats-Unis a-t-elle choisi le lendemain de l'affaire des missiles en Pologne pour douter publiquement d'une victoire militaire totale de l'Ukraine?

«La probabilité d'une victoire militaire ukrainienne n'est pas très élevée»
Mark Milley, chef d'état-major, mercredi.

Certes, Mark Milley, général et chef d'état-major, a pris la peine de lister les échecs russes successifs avant de propager ce gros soupire de découragement. Mais pile au moment où Volodymyr Zelensky s'est fourré tout seul dans une zone de turbulences diplomatiques et où son pays traverse une vague inégalée de bombardements, ce timing a de quoi surprendre. Surtout, se résoudre à annoncer une sorte de match nul éternel entre les deux camps, c'est sous-entendre, en forçant un peu le trait, que Vladimir Poutine aurait déjà remporté une partie de la guerre.

«Nous verrons»: quand?

D'un côté, Zelensky n'en démord pas: les missiles fauteurs de trouble sont du fait des Russes. Même s'il a avoué, jeudi, «ne pas savoir «ce qu'il s'est véritablement passé», le président ukrainien parle de «preuves» et quémande un laissez-passer pour mettre son nez dans les enquêtes. Le voilà seul contre tous, alors que les rares éléments établissant une origine ukrainienne des missiles sont encore habillés d'un épais conditionnel. Ce qui n'a pas empêché la plupart des observateurs de considérer qu'il a «manqué une occasion de se taire», que sa parole est désormais «décrédibilisée». Qu'il est «sympathique, mais...»

De l'autre, l'Otan. Plutôt rapide au réveil, elle a parfaitement joué son rôle de pacificateur, de puissant organisme défensif. Le doigt sur le cran de sécurité, la communauté internationale a évité l'escalade. Une bonne nouvelle en soi et une mission assumée par Joe Biden en personne, la nuit même de la «crise polonaise».

«Il est peu probable, au vu de la trajectoire, que ça ait été tiré depuis la Russie, mais nous verrons»
Joe Biden

Billard à trois bandes

Alors que l'enquête, menée notamment par le Pentagone, venait tout juste de démarrer, le président démocrate aurait très bien pu s'en tenir à la deuxième partie de sa déclaration. «Nous verrons». Point. Comme l'a d'ailleurs décidé Emmanuel Macron: cette espèce de prudence neutre, partagée par la plupart des pays d'Europe de l'ouest. Mais le politologue français Bertrand Badie nous le confiait mercredi: «Joe Biden n'avait pas à dédouaner si vite la Russie pour signifier sa volonté d'éviter l'escalade».

Coup sur coup, les Etats-Unis viennent ainsi d'innocenter l'armée de Poutine et douter de la victoire de celle de Zelensky. En langage diplomatique, ça peut cacher un coup de billard à trois bandes. Comme si les missiles de la discorde risquaient moins d'embraser le conflit armé, que des négociations plus larges et à plus long terme, notamment entre les deux grandes puissances mondiales. Le 9 novembre dernier, les Etats-Unis et la Russie s'étaient par ailleurs entendus sur la reprise de vieux pourparlers, au Caire, autour d'un accord clé: le désarmement nucléaire mutuel.

Mais y a-t-il davantage en jeu?

Pas si dénué d'ambigüité

La paix est évidemment un objectif commun. C'est sa définition, toujours, qui diffère d'un camp à l'autre. Et encore plus aujourd'hui. Voir Zelensky et la communauté internationale se contredire à ce point publiquement, sur un incident que tout le monde (ou presque) voudrait rapidement oublier, fait curieusement émerger de nouvelles inconnues quant à l'agenda, aux acteurs et aux conditions d'un cessez-le-feu.

Si le président ukrainien avance en loup, aussi solitaire que têtu, la communication américaine n'a pas été aussi dénuée d'ambigüité que le laissaient penser les premières déclarations et les premiers tweets, mardi soir dernier.

Il reste désormais à croiser les doigts pour que les différentes enquêtes ne débouchent pas, prochainement, sur une responsabilité russe. Mais qui, aujourd'hui, aurait vraiment intérêt à le savoir et, plus encore, à le révéler?

Ukraine: «les Russes ont tout volé à Kherson, même les animaux du zoo»
Video: watson
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Fin du direct
Suivez en direct les dernières infos sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine et ses implications en Suisse ainsi que dans le monde.
L’article