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Pourquoi nous ne devrions pas craindre une défaite de Poutine

epa10401645 People walk past a large mural depicting Russian President Vladimir Putin, on the side of a five-story residential building in Kashira, Moscow region, Russia, 12 January 2023. The years-ol ...
«La fin du règne de Poutine qui se profile ne devrait pas susciter la peur»image: keystone
Analyse

Pourquoi nous ne devrions pas avoir peur d'une défaite de Poutine

La crainte de voir la Russie devenir un «Etat défaillant» n'est pas fondée, affirment le joueur d'échecs Garry Kasparov et l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, fins connaisseurs de la Russie.
24.01.2023, 18:5408.05.2023, 12:11
Philipp Löpfe
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L'hypothèse d'une victoire de l'Ukraine sur Poutine est aussi souhaitable que pleine d'inconnues. Que se passerait-il ensuite? La question taraude depuis des mois experts politiques et agents de renseignement. Parmi les réponses qu'ils ont formulées, beaucoup relèvent de la dystopie: d'aucuns promettent l'arrivée de nationalistes extrêmes, pires encore que Poutine, qui s'accapareraient le pouvoir et entraîneraient le monde entier dans un gouffre.

D'autres évoquent la désintégration de la Russie pour devenir un «Etat défaillant» dans lequel des seigneurs de guerre, comme le chef tchétchène Ramzan Kadyrov ou le mafieux Evgueni Prigojine, le célèbre chef de la troupe de mercenaires Wagner, feraient la loi.

Ces craintes sont toutefois infondées, avertissent Garry Kasparov et Mikhaïl Khodorkovski dans un article publié dans Foreign Affairs. L'ancien champion du monde d'échecs et l'ancien oligarque défendent, au contraire, une thèse rassurante:

«La fin du règne de Poutine qui se profile ne devrait pas susciter la peur, mais plutôt être accueillie à bras ouverts»
epa04794731 Human Rights Foundation Chairman Garry Kasparov speaks during plenary panel 'The Return of Geopolitics and the Challenge of Russia', at the Wroclaw Global Forum 2015 in Wroclaw,  ...
Garry Kasparov veut se montrer rassurant avec l'Occident.image: EPA/PAP

Une défaite décisive sur le champ de bataille briserait l'aura d'invincibilité de Poutine, le dévoilerait comme l'architecte d'un Etat en déliquescence et rendrait son régime vulnérable aux attaques venant de ses propres rangs, poursuivent Kasparov et Khodorkovski. Cependant, cela n'aboutira pas forcément au chaos. Les Russes seront confrontés au choix de devenir un partenaire junior de la Chine ou de faire enfin la paix avec l'Occident.

Kasparov et Khordorkovski sont confiants et pensent que les Russes opteront pour un rapprochement avec l'Occident - et donc, pour la démocratie et l'Etat de droit. Ils décrivent comme suit la nouvelle Russie démocratique qui naîtrait après la défaite de Poutine:

  • La paix est immédiatement signée avec l'Ukraine. Les frontières de 1991 sont reconnues, ce qui signifie que la Crimée fait à nouveau partie de l'Ukraine et que des réparations sont versées pour les énormes dommages de guerre causés par la Russie.
  • Les confrontations avec l'Occident cessent. La Russie devient un partenaire pacifique et s'intègre dans les institutions euro-atlantiques.
  • A l'intérieur, la Russie sera démilitarisée et le nombre de troupes sera massivement réduit. Les organes de l'Etat policier de Poutine, notamment la Garde nationale qui compte environ 400 000 hommes, sont dissous. Les lois répressives sont annulées et les prisonniers politiques libérés.
  • L'Etat russe actuellement tout-puissant est affaibli. Les différentes régions reçoivent davantage de responsabilités.
  • Les criminels de guerre et les têtes dirigeantes du gouvernement Poutine sont tenus responsables.

Pour qu'une telle Russie démocratique puisse voir le jour, l'administration Biden doit sortir de sa réserve et fournir à l'Ukraine des armes lourdes telles que des chars et des missiles de plus grande portée. «Biden peut accélérer la chute du régime de Poutine, créant ainsi les conditions d'une Russie démocratique et montrant au monde la folie de cette guerre», écrivent Kasparov et Khordorkovski.

«Les Etats-Unis ne doivent pas détruire les espoirs de l'Ukraine à cause d'une peur mal comprise»
epa10422740 German Chancellor Olaf Scholz is reflected in the surface of technical equipment as he along with French President Emmanuel Macron (not in picture) attends the presentation of Franco-Germa ...
Le chancelier allemand Olaf Scholz fait languir ses alliés.image: keystone

Pour une éventuelle victoire, les troupes ukrainiennes ont avant tout besoin de chars Leopard allemands. Une concession à laquelle le chancelier allemand Olaf Scholz n'est pas encore prêt, à tel point qu'entre-temps, un nouveau terme a vu le jour: le «scholzing». On entend par là: «Communiquer de bonnes intentions pour ensuite utiliser/trouver/inventer tous les prétextes possibles et imaginables afin de retarder/empêcher la mise en œuvre de ces intentions.»

Cet article a été écrit avant les révélations du journal allemand Der Spiegel concernant la volonté du chancelier Olaf Scholz de livrer des chars de combat Leopard 2 à l'Ukraine.

Le comportement du chancelier allemand est en effet devenu difficilement compréhensible. A Berlin, de hauts diplomates secouent la tête en apprenant que Scholz a une nouvelle fois reporté la décision sur les Leopard. L'un d'entre eux a déclaré au Financial Times:

«Nous pensions en fait que la digue avait cédé et que Scholz allait enfin dans la bonne direction. Maintenant, nous nous grattons la tête et nous nous demandons ce qui ne va pas avec ce type»

La grogne résonne jusque dans de la coalition en feu tricolore. La politicienne Agnes-Marie Strack-Zimmermann, chef de la commission de la défense au Bundestag, a déclaré à la ZDF: «L'histoire nous observe, et l'Allemagne a malheureusement échoué.» La communication laisserait, de plus, à désirer, selon Strack-Zimmermann: «Si le chancelier ne veut pas livrer les chars, il doit au moins nous expliquer pourquoi.»

De nombreux éléments indiquent que Scholz va finalement céder à la pression internationale. Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, a déclaré que l'Allemagne autoriserait au moins d'autres Etats à livrer des chars Leopard à l'Ukraine.

Traduit de l'allemand par Nicolas Varin

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