L'artiste graffeur Banksy attache une grande importance à l'anonymat. Alors que ses graffitis au pochoir, souvent politiques et provocateurs, qui apparaissent soudainement et sans préavis sur les murs des maisons, sont célèbres dans le monde entier, l'artiste garde son identité sous clé. Ce secret constitue une stratégie d'autopromotion réussie.
Il existe diverses théories sur l'identité réelle de Banksy. On sait seulement qu'il est né en 1973 ou 1974 dans la région de Bristol, où il a réalisé ses premières œuvres au début des années 1990. Dans une interview accordée à la BBC en 2003, il a également déclaré que son prénom était «Robbie».
Ces dernières années, des personnes ont été accusées à plusieurs reprises d'être Banksy, notamment le présentateur d'une émission d'art pour enfants, Neil Buchanan, le leader du groupe Massive Attack, Robert Del Naja, et l'artiste Robin Gunningham. L'idée que Banksy est en fait un collectif d'artistes persiste également.
Maintenant, ce sont peut-être ses propres fans qui vont le forcer à révéler son identité. Nicky Katz et Ray Howse ont acheté une impression limitée du tableau «Monkey Queen», qui représente la reine Elizabeth II en singe avec un brushing et les joyaux de la couronne.
Banksy „Monkey Queen“ pic.twitter.com/lM7OI8dnNe
— Hupa67 (@Hupa67) March 12, 2024
Selon les acheteurs, elle provient de l'héritage d'un collectionneur de longue date de Banksy qui est décédé. Nicky Katz et Ray Howse ont déboursé 30 000 euros pour ce tirage. Cependant, la provenance, c'est-à-dire les papiers qui documentent la vente, manquait. Les acheteurs n'ont donc pas pu prouver que leur impression de Banksy était autorisée.
Ils ont donc envoyé l'impression à l'entreprise de Banksy, «Pest Control», en demandant un certificat attestant de l'authenticité de l'oeuvre.
Katz et Howse n'ont toutefois reçu aucune réponse - pendant trois ans. Les collectionneurs n'ont pas apprécié: ils ont maintenant recours à la justice et poursuivent «Pest Control» pour rupture de contrat.
L'argent est un enjeu important dans cette dispute. Selon Katz, la «Monkey Queen» pourrait désormais valoir jusqu'à 70 000 livres (environ 82 000 francs). En revanche, «Pest Control» fait savoir que son processus de certification est «minutieux et parfois long». Si l'affaire devait effectivement aboutir devant un tribunal, Banksy pourrait être contraint de dévoiler son identité.
L'un des collectionneurs a déclaré au journal britannique Guardian qu'il était très mécontent du fait qu'il soit impossible de monnayer une œuvre de Banksy sans le certificat de «Pest Control»:
Ce qui met les marchands d'art en colère correspond toutefois parfaitement à l'attitude de Banksy. Il fait son art pour la rue et pour les collectionneurs, mais pas pour les marchands.
C'est lors d'une vente aux enchères organisée par la célèbre maison Sotheby's à Londres en 2018 que l'artiste a le mieux illustré cette attitude: un enchérisseur y a acheté la célèbre œuvre de Banksy «Jeune fille au ballon» pour le prix record de 1,04 million de livres sterling (environ 1,2 million d'euros). Cependant, une déchiqueteuse était cachée dans le cadre. Une fois vendue, l'oeuvre s'est autodétruite - du moins à moitié, puis la déchiqueteuse a cessé de fonctionner.
Mais cette dispute judiciaire est-elle une nouvelle action de Banksy? Alors que le marchand d'art Nicky Katz existe réellement, l'identité du prétendu deuxième collectionneur, Ray Howse, reste obscure.
Banksy a régulièrement fait parler de lui avec des actions spectaculaires. En 2003, par exemple, il a joué un tour au Tate Britain en se déguisant en retraité et en plaçant discrètement l'une de ses propres oeuvres dans le musée. En 2004, il s'est glissé dans le Louvre à Paris et y a accroché sa propre version de la Joconde.
Sur le site de «Pest Control», on peut d'ailleurs lire à propos de l'identité de Banksy, sous la rubrique «Je crois savoir qui est Banksy»:
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)