Le chanteur du groupe américain Eagles of Death Metal, Jesse Hughes, a raconté mardi, devant la cour d'assises de Paris, la soirée d'horreur vécue le 13 novembre 2015 dans la salle du Bataclan alors attaquée par des djihadistes. Il a souligné qu'elle avait «changé (sa) vie à jamais».
Il a rappelé comment, «au milieu du concert», il a entendu des tirs. «Venant d'une communauté désertique en Floride, je connais le son des armes. J'ai reconnu que c'était des tirs», a-t-il dit.
Ce soir-là, «90 de mes amis ont été tués de manière haineuse devant nous», témoigne-t-il avec émotion. «Ce que les assaillants ont essayé de faire ce soir-là, c'est de faire taire la joie liée à la musique, mais ils ont échoué», poursuit le chanteur. Il assure tout de même avoir «pardonné» aux «pauvres âmes qui ont commis ces actes».
Jesse Hughes, un chrétien fervent, «prie pour eux et pour leur âme» avant de conclure avec des paroles du chanteur Ozzy Osbourne: you can't kill rock'n'roll (on ne peut pas tuer le rock'n'roll). Le chanteur du groupe de hard rock a ensuite quitté la salle, en pleurant.
Les attaques djihadistes du 13 novembre 2015 ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis, en banlieue.
Le procès, qui a repris mardi après une semaine de suspension à cause d'un cas de Covid-19 parmi les accusés, doit encore voir plusieurs dizaines de rescapés ou proches de victimes passer à la barre jusqu'à vendredi. Doit aussi témoigner Eden Galindo, qui était alors le guitariste du groupe.
Le concert au Bataclan avait été brusquement interrompu le soir du 13 novembre 2015 par les tirs de kalachnikov. 90 personnes avaient péri.
Les membres du groupe «sont comme d'autres victimes, ils vivent avec leurs souvenirs douloureux, leur trauma. Ils se traînent, avec les années, un sentiment de culpabilité majeur, c'était leur concert», a déclaré à l'AFP avant l'audience leur avocate, Me Claire Josserand-Schmidt. (ats/sia)