Il y a un peu plus d'une semaine, la pirate et anarchiste non binaire Maia arson Crimew a fait la une des journaux. Selon un article qu'elle a publié sur son blog, la hackeuse de 23 ans s'est introduite dans un serveur non protégé d'une compagnie aérienne américaine. Elle y est tombée sur un ensemble de données très sensibles dont la fameuse «No-Fly-List».
Cette liste a été établie sous l'administration Bush en réponse directe aux attentats du 11 septembre. Au départ, elle listait 594 personnes qui n'étaient plus autorisées à voler dans l'espace aérien américain. Aujourd'hui, plus d'un demi-million de noms figurent sur cette liste, selon Republik.
La liste ne comprend de loin pas que des personnes que l'on pourrait classer dans la même catégorie que les terroristes du 11 septembre. A plusieurs reprises, le gouvernement s'est vu reprocher de faire figurer sur la liste des politiciens peu appréciés, des activistes antiguerres ou des avocats spécialisés dans les droits de l'homme.
Quelques noms suisses apparaissent sur la liste. Parmi ceux-ci figurent Marc Rudin, soixante-huitard d'extrême gauche, qui a longtemps vécu dans la clandestinité en Palestine, Nicolas Blancho, président du Conseil central islamique et Marco Camenisch, un anarchiste libéré en 2017 après une longue peine de prison en Suisse et qui n'a en fait rien à voir avec les Etats-Unis.
On trouve sur la liste, outre d'autres membres de la gauche radicale de Suisse et d'Italie, des personnes appartenant au «Mouvement pour la liberté du Tyrol du Sud», un groupuscule d'extrême droite. Sans oublier d'anciens membres de la RAF. Mais certains noms montrent aussi que la liste a parfois été établie de manière arbitraire.
Un exemple de l'amateurisme de la liste est Felix Habsbourg-Lorraine, le fils du dernier empereur d'Autriche. Or, cela fait douze ans qu'il est mort. Un autre exemple est Bruno Breguet, l'acolyte d'un terroriste vénézuélien. Breguet est considéré comme disparu et probablement mort depuis 1995.
La majorité des noms figurant sur la liste consultée par le média digital Republik sont d'origine arabe. Selon l'ONG Identity Projects, 10% de toutes les inscriptions contiennent le nom Mohammed. C'est pourquoi l'ONG qualifie la liste de «Muslim Ban List». Quarante personnes inscrites avaient moins de 12 ans au moment de la rédaction de la liste. Même si cela n'est très probablement dû qu'à une homonymie, cela ne plaide pas en faveur des auteurs. (cpf)
Article traduit de l'allemand par Léa Krejci