La dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a été condamnée lundi à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19, a indiqué un porte-parole de la junte. L'ancien président Win Myint a été condamné à la même peine, a-t-il dit, ajoutant qu'ils ne seraient pas conduits en prison pour le moment.
Selon le correspondant sur place du Washington Post, Il s'agit du premier d'une série de verdicts qui pourraient maintenir la lauréate du prix Nobel, âgée de 76 ans, en détention jusqu'à la fin de sa vie.
Le procès à huis clos qui s'est déroulé à Naypyidaw, la capitale, met en évidence le traitement punitif que la junte au pouvoir impose à Aung San Suu Kyi, que les militaires ont précédemment maintenue en résidence surveillée pendant près de 20 ans. Après sa libération en 2010, elle a mené son parti à des victoires successives lors d'élections quasi-démocratiques en 2015 et 2020, avant que les militaires ne prennent le pouvoir en février, et qu'ils ne la placent à nouveau en détention.
Il semblerait que les militaires veulent, cette fois, éliminer Aung San Suu Kyi de la scène politique une bonne fois pour toutes. En effet, depuis le coup d'Etat, elle est détenue au secret, et la junte a accumulé les accusations contre elle. Parmi ces griefs: la violation de la loi sur les secrets officiels, la corruption et la fraude électorale. Elle risque des dizaines d'années de prison si elle est reconnue coupable de tous les chefs d'accusation.
Selon une ONG locale de défense des droits humains, plus de 1300 personnes ont été tuées et plus de 10 000 arrêtées dans le cadre de la répression de la dissidence depuis le coup d'Etat. (jah/ats)