Liz Truss, 47 ans, jusqu'ici Secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, vient d'hériter du siège abandonné bruyamment par son «mentor», Boris Johnson. Troisième femme (après Margaret Thatcher et Theresa May) à se hisser à ce poste, la conservatrice «impitoyablement pragmatique» aura la lourde tâche de rattraper en vol les dossiers urgents et les crises plurielles qui lacèrent le pays. «C'est ce dont nous avons besoin à Downing Street en ces temps de crise, de quelqu'un d'audacieux, qui refuse le statu quo», avait-elle dit d'elle-même durant une campagne à droite toute.
On le sait déjà, la «nouvelle BoJo» va ouvertement plaire aux plus réactionnaires du pays de Mick Jagger et du Cornish pasty: baisse massive d'impôt, suppression des limites de vitesse sur l'autoroute ou encore faire à nouveau jaillir le pétrole en mer du Nord. Ses principaux ennemis? Les fonctionnaires, les grévistes et les progressistes.
Sans surprise, in Truss pas tout le monde trust. Liz n'a jamais fait l'unanimité dans son propre pays. Et pas seulement parce que seuls les 172 000 Tories l'ont élue pour les 67 millions d'habitants du Royaume. Certes, «la prudence, ce n'est pas son truc», mais ses idées et déclarations ont régulièrement fait grincer les dents des Britanniques.
Histoire de faire un chouïa mieux connaissance avec la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, voici cinq anecdotes aussi inutiles qu'indispensables.
Personne n'est véritablement en amour avec son propre prénom. Mais pour Mary Elizabeth Truss, l'agacement atteint un petit cran supplémentaire: elle déteste copieusement son premier prénom. Et ça ne date pas d'hier.
Lors de son tout premier jour d'école, on lui avait refilé un badge griffonné du prénom... Mary. Furax, Elizabeth s'était avancée vers son proviseur d'un pas décidé, pour exiger la réparation immédiate de cette bavure.
Si Liz Truss a rapidement été comparée à Thatcher, il faut aussi préciser que n'importe quel conservateur se rapprochant de très près du fauteuil de premier ministre se voit immédiatement flanqué d'un point commun avec «Maggie».
Pour mémoire, Margaret Thatcher a été la première femme élue pour diriger le Parti conservateur (en 1975), puis à s'asseoir au bureau de première ministre du Royaume-Uni (en 1979). Reste que celle qu'on surnomme aujourd'hui la «Dame de fer 2.0», notamment pour sa volonté ferme d'aller vers des allégements fiscaux et limiter le rôle de l'Etat, n'a pas toujours été aussi... conservatrice.
Née d’un père et d’une mère fermement agrippés à la gauche, elle a démarré son épopée politique (et surtout médiatique) en infligeant quelques claques à la monarchie. Agée de 19 ans à l'époque, notre étudiante libérale-démocrate avait fait campagne pour... abolir la famille royale. «Ce n'est pas juste que le chef de l'Etat soit issu d'une seule famille», avait-elle asséné, sur scène, en 1994.
"We Liberal Democrats believe in opportunity for all"
— BBC Newsnight (@BBCNewsnight) July 20, 2022
Liz Truss - then in her teens - tells the 1994 Lib Dem conference about being filmed by #Newsnight campaigning against the monarchy pic.twitter.com/5TNfI8lUDX
Des paroles qui ont (forcément) refait surface tout récemment et que la candidate, aujourd'hui première ministre très à droite, avait tenu à glisser dans son contexte de l'époque et dans l'émission Political Thinking With Nick Robinson de la BBC.
Liz Truss ne passe pas tout son temps accrochée à sa carrière et son bureau. Quand elle quitte ses fonctions officielles le temps d'une soirée, ça lui arrive souvent de lâcher le stylo pour empoigner le micro: direction le karaoké pour massacrer des tubes, dans la bonne humeur et «les verres de vin blanc qu'elle adore». Parmi ses incontournables victimes, elle cite notamment Push It des Salt ‘n Pepa.
Mais ce n'est pas tout. Elle s'avoue également férue de comédie musicale. La dernière fois qu'elle a foulé les gradins d'une pièce, c'était pour «Six», la comédie musicale qui zoome sur les épouses d'Henri VIII. Si elle devait se réincarner en l'une d'elles? «Celles qui ont survécu, évidemment!»
Comme son homologue norvégienne Sanna Marin, elle ne se fait jamais prier pour «aller danser jusque tard dans la nuit», dévoile Kirsty Buchanan, son ancienne conseillère. Pour l'anecdote, ses proches collaborateurs disent avoir tout tenté pour «lui faire travailler sa voix. Pour la rendre plus grave». Non pas au fond d'un bar et sur de la musique pop, mais dans l'espoir de lui offrir plus de crédibilité durant ses discours officiels.
Peut-être qu'elle ne sait pas combien coûte un café à Londres. Mais, Liz Truss, au moins, connaît le nom de sa patate favorite. Trêve de suspens, la fraîche première ministre pourrait vendre son âme pour un gratin de...
Elizabeth Truss a été ministre de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales. Le Guardian rappelle donc que la bouffe «a occupé une place importante dans sa carrière». Elle a d'ailleurs piqué sa philosophie à un restaurant chinois de Leeds, où elle a grandi.
«La Grande-Bretagne produit plus de variétés de fromage que la France... et on vend notre thé à la Chine!», avait-elle balancé haut et fort dans un discours en 2014.
Forcément, elle a donc trois fromages préférés à déposer fièrement sur son podium gustatif. Des gommes anglaises, of course. Le Stinking Bishop (évêque puant, en français), le Binham Blue et le Wells Alpine.
La première ministre a d'ailleurs tellement parlé de fromage durant son mandat à l'Agriculture qu'elle a interdit, avec ironie en 2018, qu'on lui pose la moindre question sur le moindre morceau de fromage.
La future première ministre s'est comparée à Arya Stark, de la célèbre série. La raison de sa véritable passion pour ce personnage que vous connaissez tous? «Elle refuse de se conformer à ce qu'on attend d'elle. Et à tout moment.» Plutôt cohérent, au vu de la carrière politique et médiatique de la première ministre.
Notons encore qu'Elizabeth sera officiellement nommée demain, mardi, par... Elizabeth II. Celle qu'elle rêvait précisément de voir disparaître quand elle n'était encore qu'une ado.
La boucle est-elle bouclée?