La côte ouest de l'Amérique du Nord est réputée pour ses automnes pluvieux, mais la tempête qui s'est abattue sur la vallée du Fraser en Colombie-Britannique le week-end dernier a brisé plusieurs records. D'ailleurs, ses effets se font encore sentir aujourd'hui 👇.
Pendant deux jours, un système météorologique appelé «rivière atmosphérique», accompagné de forts vents et de pluies diluviennes, a traversé la partie sud-ouest de la province, provoquant des dommages importants et la mort d'une personne.
Particulièrement touchées, les villes de Hope, Merritt et Princeton ont reçu jusqu'à 200 millimètres de pluie. Les inondations et les glissements de terrain ont coupé tous les accès routiers reliant Vancouver au reste de la province et du pays, entraînant d'importantes répercussions économiques.
Il s'agit d'une bande d'air chaud et humide longue de quelques milliers de kilomètres, mais large de quelques centaines seulement, qui borde un grand système dépressionnaire au-dessus des océans.
Ce phénomène, qui peut pénétrer très loin à l'intérieur des terres, se manifeste, dans la zone Pacifique, principalement entre l'Alaska et la Californie.
On parle de «rivières» à cause de la très grande quantité de vapeur d'eau qu'elles charrient, mais la ressemblance avec les rivières terrestres s'arrête là. Une rivière atmosphérique n'a ni lit ni cours fixe et elle peut déverser des quantités prodigieuses de pluie sur une zone très vaste.
La tempête du week-end dernier a été remarquable tant par sa durée que par son intensité. Pendant plus de 24 heures, il a plu sans discontinuer sur la plus grande partie de la trajectoire de la tempête, et dans des quantités excédant largement les normales saisonnières.
Les cours d'eau, incapables d'absorber un ruissellement trop rapide, ont vite débordé. Les pluies chaudes ont également fait fondre les neiges en altitude, aggravant les inondations. Le phénomène a été particulièrement intense dans le secteur appelé Sumas Prairie, entre Abbotsford et Chilliwack, un ancien lac asséché au début du siècle dernier, mais saturé par les pluies d'octobre et du début novembre.
Views as crews work to assess the #BCstorm damage on our highways:
— BC Transportation (@TranBC) November 16, 2021
- Flooding on #BCHwy1 and No. 3 Road Overpass
- Crews survey the damage on #BCHwy7 at Ruby Creek
- Overflow in the Fraser Valley at Whatcom Road Interchange
- Work on #BCHwy1 at Patterson Creek pic.twitter.com/j4jdZFvIx1
Les précipitations du 14 novembre ont établi des records à plusieurs endroits. Abbotsford a enregistré 100 millimètres ce jour-là - le double du précédent record de 1998. Hope a eu 174 millimètres: cinq fois plus que le record de 2018.
L'année 2021 a également été une dure année sur le front des incendies:
Or, les feux de forêt provoquent l'hydrophobie des sols: ils repoussent l'eau. Elle découle de l'effet de l'air surchauffé sur les débris végétaux au sol, qui libère alors certains types de composés cireux, lesquels se déposent à la surface du sol. Cette couche imperméabilisante est souvent cachée par une mince couche de sol brûlé ou de cendres.
De nombreuses zones brûlées lors des incendies de 2021, notamment aux environs de Merritt, ont été inondées le week-end du 13 novembre. L'hydrophobie des sols pourrait expliquer que le ruissellement y ait été plus important et plus rapide.
En général, les scientifiques hésitent à faire un lien direct entre un événement météo extrême particulier et les bouleversements du climat.
Cependant, plusieurs événements récents font basculer l'opinion, notamment les inondations de juillet 2021 dans l'ouest de l'Allemagne, l'est de la Belgique et la province chinoise du Henan. En Sibérie, la chaleur extrême et les feux de forêt de 2020 et 2021 et dans l'ouest du continent nord-américain, le «dôme de chaleur» de juin 2021.
Ces événements extrêmes sont tellement hors-normes par rapport au passé que bien des scientifiques qui surveillent les modèles climatiques estiment qu'ils n'auraient pas pu se produire ni être aussi graves sans l'effet des changements climatiques.
Ces occurrences cadrent avec les prédictions des spécialistes des sciences de l'atmosphère selon qui les phénomènes de météo extrême deviendront plus fréquents et plus graves à mesure que le climat se réchauffera.
Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original