Une véritable joute royale se tient depuis quelques jours au coeur de Londres. Dans l'arène? Deux grands seigneurs en leur domaine: le roi d'Angleterre et le patron de Twitter. Selon des documents de justice exhumés par le Daily Telegraph en début de semaine, Charles III tente de traîner le milliardaire américain devant le juge.
En cause? Un loyer impayé.
Nous ne parlons évidemment pas de n'importe quel loyer. Le différend royal porte sur des bureaux d'un immeuble cossu d'Air Street, à Piccadilly Circus. Si la géographie de la capitale londonienne vous est familière, vous n'ignorez pas que plus centré, tu meurs.
Précisons d'emblée que Charles ne porte pas plainte en personne - le roi a d'autres corgis à fouetter. C'est le Crown Estate, la société responsable du portefeuille immobilier royal, qui est chargée de traîner la société d'Elon Musk en justice.
Une mesure prise en dernier recours, selon un porte-parole de Royal Estate, après plusieurs tentatives de prises de contact aussi désespérées qu'infructueuses avec Twitter. Aucune des personnes jointes pour régler le fâcheux différend locatif n'a jamais répondu.
Si Twitter a signé un bail de 2,6 millions de livres il y a deux ans pour s'installer au troisième étage du 20, Air Street, le litige porte sur un bureau du premier étage, occupé depuis 2014. Selon les médias britanniques, le loyer n'a pas été payé depuis octobre 2022 - le mois même où le milliardaire a dépensé 44 milliards pour s'offrir son réseau social favori.
Autre bizarrerie? Tous les signes et logos Twitter ont déjà été retirés du siège londonien. Comme si le réseau social n'avait jamais été là. Pourtant, selon un membre du personnel qui s'est confié au Telegraph, la société travaille encore bel et bien sur le site.
Entre licenciements massifs, départ des annonceurs, problèmes techniques et polémiques à répétition, la société est passablement secouée depuis son rachat par Elon Musk. Pour remédier à ses soucis budgétaires, le fondateur de Tesla a eu recours à quelques coupes drastiques - dont près de la moitié de ses 7500 employés. Twitter emploie désormais 2300 personnes.
Et les arriérés de loyer ne sont pas une exception londonienne. Selon un article du New York Times datant de décembre dernier, Twitter n'a payé le loyer d'aucun de ses bureaux pendant des semaines, aux Etats-Unis comme à l'international.
Ce mois-ci, c'était au tour du personnel du siège de Singapour de se voir momentanément expulsé de ses locaux, avec l'ordre de travailler depuis la maison. Une situation résolue sitôt que le fantasque patron s'est acquitté de son dû.
Le télétravail forcé? Une perspective qui ferait probablement rêver les employés du siège de New York. Selon un rapport publié en janvier Insider, ceux-ci doivent composer avec les cafards, les odeurs pestilentielles des salles de bains, des toilettes bouchées ou encore les «pénuries de papier hygiénique».
Toujours aux Etats-Unis, le propriétaire du siège de San Francisco vient d'entamer des poursuites judiciaires contre la firme, afin de récupérer ses 6,8 millions de dollars de loyer encore impayés. La filiale s'est lancée dans une vaste vente aux enchères d'«actifs excédentaires», comprenant chaises longues en cuir, machines à expresso et une enseigne en néon bleue en forme d'oiseau, pour s'acquitter de ses dettes.
En ce qui concerne la prise de bec londonienne, le Royal Estate et Twitter seraient actuellement en discussion, selon un représentant de la firme britannique. Quant à Elon Musk, il ne s'est pas encore fendu de son coutumier tweet rageur pour donner son avis sur ses royal issues. Never explain, never complain?