Cela fait maintenant 48 heures que le mystérieux ballon espion flotte au-dessus du territoire américain. Il a été aperçu à la hauteur du Montana, au-dessus d'une base de l'US Force. Selon le Wall Street Journal, 150 missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III équipés d'ogives nucléaires y sont entreposés.
L'engin, piloté depuis Pékin, ferait 30 mètres de diamètre (soit trois bus en comparaison). De son côté, le Canada a annoncé avoir repéré un deuxième engin dans son espace aérien. Comment une telle chose peut-elle se produire, au-dessus d'un pays aussi puissant et développé militairement?
Des experts ont tenté d'apporter des éléments de réponse ce vendredi sur le plateau de «7 Minutes pour comprendre», sur la chaîne bfmtv.
ESPIONNAGE : Le Pentagone annonce avoir repéré un ballon espion chinois volant à haute altitude au-dessus du territoire des États-Unis et de sites militaires sensibles. Le Canada dit surveiller "un deuxième incident potentiel". pic.twitter.com/2MXkVnZdct
— Infos Françaises (@InfosFrancaises) February 3, 2023
Ce n'est pas la première fois qu'une telle chose arrive. Dans le passé, d'autres ballons espions s'étaient déjà glissés au-dessus du territoire américain. Cependant, et c'est la spécificité de ce cas, jamais sur une aussi longue période. C'est en outre un «exploit technique» que la «baudruche» espionne ait pu traverser le Pacifique.
Le premier usage du ballon remonte à 1794, en France, pendant la bataille de Fleurus, rappelle bfmtv. L'engin avait été utilisé pour obtenir un aperçu global du champ de bataille. Il ferait ainsi partie de l'arsenal de guerre depuis plusieurs siècles. Il est sophistiqué, simple à mettre en œuvre, et très efficace. L'utilisation des ballons a à nouveau prospéré pendant la guerre froide. L'armée américaine avait pour sa part mené des missions à grande échelle sous le nom de Project Genetrix, au cours desquelles des ballons avaient survolé le bloc soviétique, dans les années cinquante.
Quand il s'agit d'espionnage, on est habitués soit aux drones, soit aux satellites. Le ballon est un format intermédiaire qui a des atouts non négligeables.
L'appareil est doté de capteurs, lesquels permettent d'intercepter des communications téléphoniques et énormément de données techniques. Bien que l'endroit où il est actuellement positionné - au-dessus du Montana - soit très sauvage et comporte peu d'habitations, l'on y trouve des bases d'armement nucléaire, et où sont entreposés des avions voués à transporter des bombes. Soit, une cible de choix.
Les ballons opèrent généralement à une altitude allant de 24 000 à 37 000 mètres, rapporte Reuters . Ils évoluent ainsi au-dessus du trafic aérien commercial, qui ne vole presque jamais au-dessus de 12 000 mètres.
De nos jours, les ballons opèrent sans pilote. De toute façon, le contrôle direct des ballons n'est pas possible. Ils peuvent être guidés grossièrement vers les cibles ciblées simplement en détectant différents courants d'air au moyen de changements d'altitude.
Le ballon ne sera à priori pas détruit, sur ordre du Pentagone. Cependant, des chasseurs furtifs F-22 ont décollé, non pas pour l'abattre, mais pour brouiller les données.
The #Pentagon has detected and is tracking a high altitude surveillance #balloon that is over the continental #US right now.
— IANS (@ians_india) February 3, 2023
(File Image: Pentagon Press Secretary Pat Ryder ) pic.twitter.com/liChz28g7H
Les Américains suivent l'engin depuis bien avant son entrée dans leur espace aérien. Ils savent «tout» du ballon, depuis qu'il est parti, selon les informations de bfmtv. Les forces militaires américaines détiendraient, en effet, les outils adéquats pour gérer ce genre de problèmes, depuis 2001 et le Patriot Act (réd: une loi antiterroriste promulguée par le Congrès américain en octobre 2001 à la demande de George W. Bush, en réaction aux attaques terroristes du 11 septembre 2001).
Les Chinois savaient-ils qu'ils allaient être repérés? Sans aucun doute. Certes, ce ballon n'a pas passé les mailles du filet, mais d'autres pourront le faire.
Un deuxième ballon espion chinois aperçu dans le ciel canadien - par @bengallerey pic.twitter.com/GGEKagqbxK
— BFMTV (@BFMTV) February 3, 2023
Au-delà d'une certaine attitude, la stratosphère appartient à tout le monde. Cependant, un acte d'espionnage va entraîner une certaine «ambiguïté», note bfm. Et dans ce cas précis, le ballon utilisé ne semble pas avoir pour vocation de récolter des données scientifiques. Il n'a pas été annoncé non plus.
Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé vendredi que le dirigeable venait de Chine, et a présenté des explications: