Les pays riches ont abattu leurs cartes à la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou. Ils ont proposé 250 milliards de dollars par an pour l'action climatique dans les pays en développement, selon un projet d'accord jugé «inacceptable» par les pays africains.
En conséquence, la COP29 de Bakou est officiellement entrée en prolongations vendredi soir, au 12e jour de négociations. L'objectif de 250 milliards annuels, à atteindre d'ici 2035, serait très inférieur aux demandes des pays en développement: ils veulent voir les pays riches fournir entre 500 et 1300 milliards de dollars par an pour les aider à sortir des énergies fossiles et s'adapter au réchauffement climatique.
Ce chiffrage reflète la demande des pays développés, a indiqué la présidence de la COP29, confirmée par une source proche des négociations. Reste à savoir s'il sera revu à la hausse. Tout accord à la COP29 doit être adopté par consensus des près de 200 pays réunis, dont la Suisse, représentée par le conseiller fédéral Albert Rösti.
Les Azerbaïdjanais ont prévenu qu'ils n'accepteraient plus que d'ultimes «ajustements», mais qu'ils travaillaient à un objectif financier plus «juste et ambitieux».
Premier à réagir parmi les coalitions du Sud, le groupe africain a rejeté un montant «totalement inacceptable et inadapté pour mettre en oeuvre l'accord de Paris», par la voix du négociateur kényan, Ali Mohamed. Les autres poursuivent les consultations près de quatre heures après la sortie du texte.
«Ce chiffre est trop bas», ont abondé des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe and Nicholas Stern, dont le rapport est devenu une référence du sommet.
Mais les Etats-Unis préviennent déjà que 250 milliards par an représenteraient un effort «extraordinaire» par rapport à l'engagement actuel, selon un haut responsable américain.
Le projet d'accord fixe séparément un objectif ambitieux de lever un total de 1300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement; ce total inclurait les 250 milliards des pays développés et d'autres sources de financement. «Il y a les moyens d'arriver à un accord et que j'espère qu'on va pouvoir y arriver», dit un diplomate français.
Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, inexpérimentés pour mener des négociations aussi conséquentes. «La présidence est incompétente, c'est le chaos total», confie un négociateur occidental.
La finance climatique désigne les prêts et les dons fournis par les pays développés, au nom de leur responsabilité historique dans le dérèglement climatique, pour aider les pays en développement à affronter un climat plus destructeur et à investir dans les énergies bas carbone.
«Nous ne demandons que 1% du PIB (Produit intérieur brut) mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies?», interroge Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama.
Un autre combat est mené par l'Union européenne: elle négocie davantage d'«ambition» pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais s'oppose aux producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite.
Succès, pour l'instant: une des composantes du projet d'accord mentionne explicitement la transition vers la sortie des énergies fossiles, la formulation arrachée l'an dernier. Mais restera-t-elle dans l'accord final?
La Chine a tracé une ligne rouge: elle ne veut aucune obligation financière. Pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés. Elle aussi devrait être satisfaite du dernier projet d'accord, qui «invite» les pays en développement, dont Pékin fait officiellement partie, «à fournir des contributions additionnelles». (ats/afp)