William «Bill» Henry Gates III. Mais qu'est-ce qu’il se passe avec le multimilliardaire généreux? La correspondante de la Neue Zürcher Zeitung, Marie-Astrid Langer, a récemment commenté depuis San Francisco:
L’article est intitulé Du bien-pensant au coureur de jupons. Pourtant, tout semblait bien différent il y a quelques années. En 2017, le journal zurichois publiait un article intitulé Du pionnier de l’informatique au multimilliardaire et bienfaiteur.
Mais le fondateur de Microsoft n’a pas perdu sa réputation uniquement auprès du journal suisse conservateur. Depuis l'annonce du divorce, les médias américains ne cessent de faire de nouvelles révélations sur le couple.
Gates aurait eu plaisir à faire la cour dans la villa de Jeffrey Epstein à Manhattan. Il aurait cherché à se réfugier de son mariage là-bas. Et il aurait aimé discuter de philanthropie et d'autres sujets mondains avec les invités de marque du criminel sexuel condamné. Avait-il seulement l'espoir de remporter le très convoité prix Nobel de la paix?
Son mariage serait «brisé à tout jamais». C'est ce que dit la demande officielle de divorce, datée du 3 mai 2021. Bien sûr, on peut s'intéresser aux détails privés, plus ou moins scabreux de la guerre du divorce qui se déroule loin des caméras. Mais on n’est pas obligé.
Et comme depuis toujours, les opinions (exprimées sur le Web) sur le fondateur de Microsoft se divisent en deux camps. Il y a ceux qui critiquent Gates et ceux qui le défendent.
Gates est devenu richissime parce que Microsoft, en tant que quasi-monopole, a pu détruire de nombreux concurrents. Puis il a pris sa retraite de la société et s'est habilement présenté comme un bienfaiteur milliardaire.
Mais l'informaticien de bientôt 65 ans est-il vraiment passé du statut d'entrepreneur impitoyable à celui du gentil grand-papa passionné d’informatique, super-riche avec la main sur le cœur?
Le journaliste allemand Bernd Dörries résume parfaitement la situation:
Bill Gates aurait fait beaucoup de bonnes choses en Afrique avec l’aide de sa femme (et de leur fondation), mais il n’aurait jamais remis en question les inégalités au niveau mondial, affirme Dörries. La pandémie s’est chargée de dévoiler cela: bien que plus de 100 pays, de l'Afrique du Sud à l'Inde, se soient prononcés en faveur de la levée de la protection des brevets sur les vaccins, les Gates s'y sont longtemps opposés.
Gates a certes dépensé plusieurs milliards de dollars dans la lutte contre le coronavirus. Mais il a également empêché d'autres approches depuis le début. Tout comme il s'est opposé à l'approche «open source» lorsqu'il était à la tête de Microsoft, l'homme ultra-riche a tenté d'empêcher que son influence ne diminue dans la lutte contre la pandémie. Gates a affirmé que les entreprises pharmaceutiques axées sur la recherche avaient besoin des bénéfices comme incitation. Et ce, bien que nous sachions que la recherche sur divers vaccins désormais indispensables a été financée avec l'aide de l'argent des contribuables.
La fondation de Bill Gates et Melinda French Gates a tout de même signalé entre-temps qu'elle accepterait une suppression temporaire de la protection par brevet.
Mais le message le plus important, que tous les défenseurs de Gates devraient également comprendre, est clair: un multimilliardaire peut sourire autant qu'il le souhaite et se présenter comme un bienfaiteur, mais en fin de compte, c'est à nous de limiter son influence sur la société par des moyens démocratiques. En d'autres termes: nous devons enfin taxer plus lourdement les super – et les ultra-riches. Sinon, leur influence négative sur la démocratie et la justice fiscale continuera. Qu'ils soient mariés ou divorcés.
Article traduit de l'allemand par Anne Castella.