On appelle ça un baroud d'honneur. L'ultime goutte de sang versée pour la cause, histoire de mourir en adulte responsable. Cette nuit, Mike Johnson a choisi son camp et ce n'est pas l'extrême droite du parti républicain.
Dans un discours d'une franchise inattendue, face à la presse, le speaker de la Chambre des représentants a accepté l'idée de mourir la tête haute, en défendant comme jamais l'aide à l'Ukraine et à Israël, des alliés qui comptent sur le «pays le plus puissants du monde». En clair, il a jouer au patron. Pour la première fois.
Wow. I did not see this coming.
— Ron Filipkowski (@RonFilipkowski) April 18, 2024
Mike Johnson finally became a Speaker of the House today.
But probably for only another week. pic.twitter.com/ArhjuEQZ4I
Oui, cette bravade risque de lui coûter cher. Six mois à peine après avoir été péniblement élu par un hémicycle qui n'est plus qu'une cour d'école vidée de tous ses profs, Mike Johnson fait (enfin) son boulot de speaker: faire voter ce satané paquet d'aides déjà adopté par le Sénat. Certes, sa voix tremblotait et son regard cherchait une issue de secours, mais les mots ont été crachés comme des molaires après un uppercut. Et ce poing appartient à quelques moutons noirs républicains, Marjorie Taylor-Greene en tête, plus intéressés à chatouiller Joe Biden de leur ego mal placé qu'à respecter leur job d'élus du peuple.
Samedi, la Chambre va donc enfin se prononcer sur le sort que la plus grande puissance va réserver à ses alliés. Si Johnson retenait la bête dans le fond de sa poche, c'est qu'il connaissait le prix à payer. Pourtant pas le moins conservateur de la bande, il a trop longtemps voulu jongler avec deux boules de feu sans se brûler. Pour preuve, en début de semaine, il est allé chercher encore un peu plus de chaleur auprès du parrain infréquentable, à Mar-a-Lago, histoire de s'offrir un baiser du diable et de la dernière chance.
Samedi, Mike Johnson va peut-être jouer son poste, mais défie surtout les extrémistes de la Chambre de faire la connerie de trop. A genou devant les bandits, le canon du flingue sur sa tempe, le speaker le moins expérimenté de l'histoire américaine récente supplie les bourreaux de la démocratie d'avoir le cran de presser sur la détente.
Si le paquet d'aides passe la rampe, il gagnera des galons. Si les milliards trébuchent, la mort va toquer à sa porte. Mais pour mettre ses ennemis face à leurs responsabilités, il faut prendre les siennes. Ironie du sort, Mike Johnson pourrait même, ensuite, compter sur le poids des démocrates du Congrès pour échapper à la destitution. Quitte à risquer le poignard dans la clavicule, une fois la real politik de retour dans l'hémicycle. Mais, ça, c'est ce qu'on appelle le daily business.