Pas un mot pour les victimes. La compassion est une faiblesse politique dans l'esprit de l'extrême droite américaine.
Alors que Los Angeles disparaît sous les feux depuis mardi, le clan MAGA n'a pas attendu les premiers morts pour enflammer le débat sur les réseaux sociaux. En tête, Donald Trump, son fils Don et, bien sûr, Elon Musk. Les autres suivent et repartagent, comme le veut désormais l'usage.
C'est une vieille querelle qui a remué les braises. Pour le futur président des Etats-Unis, le gouverneur de Californie mérite le purgatoire pour sa gestion «désastreuse» des incendies. Donald Trump accuse depuis longtemps son ennemi favori, Gavin Newsom, de priver d'eau le sud de la Californie.
Le fiston, lui, se lâche sur Joe Biden pour avoir envoyé des équipements et des avions de pompiers à l'Ukraine, laissant Los Angeles «livrée à elle-même». Elon Musk, enfin, en ingénieur populiste et pyromane, s'est contenté d'affirmer que ces incendies seraient «facilement évitables sans les réglementations absurdes de la Californie».
Oh look of course The LA fire department donated a bunch of their supplies to Ukraine https://t.co/1XVA15f6oI
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) January 8, 2025
A en croire les futurs locataires du pouvoir américain, dès le 20 janvier 2025, Los Angeles sera enfin entre de bonnes mains et à l'abri des flammes. C'est évidemment bien plus compliqué que cela, les attaques martelées depuis trois jours par l'armée de Donald Trump sont truffées d'inexactitudes et les incendies puent le prétexte.
Encore un.
La Californie est avant tout l'emblème de la résistance démocrate, que le milliardaire de Mar-a-Lago rêve d'annexer. Gavin Newsom, pressenti pour le siège suprême en 2028, incarne l'esprit de cet immense et puissant village de Gaulois, qui se réjouit déjà de ne pas céder sous les assauts du trumpisme.
Alors quand un bout de terre bleu ciel se retrouve étouffé par le rouge du sang, des flammes et du parti républicain, ça se gausse sans retenue. Et c'est logique. Pour le clan MAGA, la Californie n'est qu'un tas de débauche, d'arrogance, de drogue, de déconnexion et de wokisme. Et depuis qu'il n'a plus ses entrées, Donald Trump rêve d'atomiser Hollywood, cette colline luxueuse au soutien indéfectible pour les politiciens démocrates.
Si le programme politique du 47e président n'a pas encore menacé directement l'industrie du cinéma, il risque en revanche de ne pas lui «envoyer de bouée de sauvetage», comme l'écrit le Los Angeles Times.
Hollywood qui périt dans les flammes est un terrible symbole sur lequel Donald Trump ne pouvait pas ne pas se jeter. Et le timing est affreusement idéal pour ses affaires, à quelques jours de l'investiture. Alors que Mark Zuckerberg vient d'annoncer le déménagement de ses équipes de modération (qu'il considère biaisés par le progressisme) de la Californie au Texas, Elon Musk passe son temps à flinguer la politique économique, sociale et environnementale de l'Etat de la Silicon Valley.
Les violentes rafales sont les grandes responsables de l'incendie le plus destructeur de l'histoire de Los Angeles. Les pompiers ne manquent pas d'avion, mais sont cloués au sol par les bourrasques. Les bornes à incendie ne sont pas sèches par manque d'eau dans le sud, mais par une demande extraordinaire et concentrée dans des régions spécifiques.
Or, on le sait, ces informations officielles n'intéresseront jamais le clan MAGA. Ouragans en Caroline du Nord, attentat en Louisiane, incendies en Californie, même combat. Celui de la récupération et de la vengeance au lance-flammes. Jusqu'à l'écœurement et sans le moindre état d'âme. Cette stratégie infernale, d'ordinaire empoignée par les extrêmes qui rêvent de tutoyer le pouvoir, sera de nouveau à l'agenda du Bureau ovale.
Seulement voilà, avec Elon Musk en lanceur de bombes et un monde qui suit le même mouvement, Donald Trump n'a jamais été aussi proche de pouvoir mettre ses menaces à exécution, porté par un vent très favorable. Celui qui balaie actuellement la Californie de Gavin Newsom et le tout-Hollywood démocrate n'est que le début d'une tempête politique à venir. Les adversaires du trumpisme, aux Etats-Unis comme en Europe, devront se résoudre à très vite adapter leurs armes, s'ils veulent avoir une chance de rester sur le ring.