Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a déclaré mardi la loi martiale. Il disait vouloir protéger le pays des «menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments anti-étatiques». Il a déclaré dans une allocution télévisée surprise:
«Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral», a déclaré Yoon Suk Yeol dans son allocution.
«Le parti d'opposition a paralysé le gouvernement», a lancé le président. Celui-ci a approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.
Yoon Suk Yeol avait alors assuré que sa décision était «inévitable». La loi martiale avait été décrétée pour la dernière fois le 17 mai 1980, lors du coup d'Etat militaire du général Chun Doo-hwan. Elle avait été suivie de manifestations qui avaient été réprimées dans un bain de sang. La loi martiale avait été levée en janvier 1981.
A la suite de l'annonce de Yoon Suk Yeol, toutes les activités politiques ont été interdites et les médias sont placés sous la surveillance du gouvernement, a déclaré le chef de l'armée Park An-su dans un communiqué. Dans la foulée, des soldats ont pénétré dans le bâtiment en brisant notamment plusieurs fenêtres.
Des hélicoptères ont par ailleurs atterri sur son toit, selon des images en direct diffusées par les chaînes de télévision
Des véhicules blindés se sont également profilés dans les rues de la capitale.
Tank appears in Seoul.
— Joseph Young (@iamjosephyoung) December 3, 2024
Wow. pic.twitter.com/sK0is1ZkDW
Quelque 190 députés sont parvenus à entrer dans l'Assemblée, où ils ont voté à l'unanimité en faveur d'une motion bloquant l'application de la loi martiale et appelant à sa levée. Des soldats sont brièvement entrés dans la salle avant d'en ressortir.
Les militaires ont fini par se retirer du bâtiment. L'armée a assuré qu'elle continuerait à faire appliquer la loi martiale.
Sous pression, Yoon Suk Yeol a ensuite annoncé qu'il allait lever la loi martiale. Il a également annoncé le retrait de l'armée.
«Il y a eu une demande de l'Assemblée nationale pour lever l'état d'urgence, et nous avons procédé au retrait des militaires qui avaient été déployés pour les opérations de loi martiale», a déclaré le président à la télévision.
Le chef de l'opposition sud-coréenne, Lee Jae-myung a qualifié la loi martiale d'«illégale» et a appelé la population à se rassembler devant le parlement en signe de protestation. Lee Jae-myung a perdu de justesse face à Yoon lors des élections de 2022.
«L'imposition par Yoon (de la loi martiale) sans raison légitime est un crime grave», a estimé un manifestant, Lim Myeong-pan, 55 ans.
Les Etats-Unis ont déclaré «suivre la situation de près» en Corée du Sud, tandis que la Chine a appelé ses concitoyens en Corée du Sud à la «prudence».
(acu/jzs/ats)