L'ex-président sud-coréen Yoon Suk Yeol, accusé d'«insurrection» pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale, a comparu lundi devant le tribunal central de Séoul qui, après deux audiences préliminaires, a commencé à juger l'affaire sur le fond.
Dix jours après sa destitution par la Cour constitutionnelle, M. Yoon comparaît libre – sa détention provisoire a été annulée pour vice de procédure le 8 mars- mais encourt la prison à vie, voire la peine de mort.
Comme tout accusé, l'ancien chef d'Etat a dû commencer par décliner son nom, sa date de naissance et son adresse. «Accusé Yoon Suk Yeol, votre profession est ancien président. Quelle est votre adresse actuelle?», lui a demandé le président du tribunal.
La plupart des experts s'attendent à un long procès et font la comparaison avec celui de l'ex-présidente Park Geun-hye, destituée en mars 2017 mais dont la condamnation définitive pour trafic d'influence et corruption n'avait été prononcée par la Cour suprême qu'en janvier 2021.
L'avocat Min Kyoung-sic a expliqué à l'AFP:
Le tribunal entendra, entre autres, les témoignages de deux officiers de l'armée cités par les procureurs, dont l'un dit avoir reçu l'ordre de ses supérieurs «de faire sortir les députés réunis à l'Assemblée nationale pour lever la loi martiale».
Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024, Yoon Suk Yeol avait tenté d'imposer par surprise la loi martiale, envoyant l'armée bloquer le Parlement dominé par l'opposition. Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir afin de faire échouer ce coup de force qui a sidéré le pays.
S'il est reconnu coupable, M. Yoon deviendra le troisième ancien président de Corée du Sud à être condamné pour «insurrection», après Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo en 1996 pour un coup d'Etat perpétré en 1979.
Selon l'avocat Min Kyoung-sic, le tribunal pourrait appliquer à M. Yoon la jurisprudence du procès de MM. Chun et Roh car leurs actes «avaient aussi impliqué le déploiement coercitif de la force armée». (ats)