18,2 millions de personnes seraient décédées à cause de la pandémie de Covid-19. C'est trois fois plus que les estimations actuelles. Ce constat accablant, relayé par la BBC vendredi, a été publié le 10 mars dans The Lancet, l'une des revues médicales les plus respectées au monde.
Cette analyse est le fruit d'une équipe de l'Institute for health metrics and evaluation (IHME) basée à l'Université de Washington. Pour estimer les décès dus au Covid-19, les chercheurs ont examiné 191 pays et territoires entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021. Cela sur la base d'un critère clé: la surmortalité.
Ce paramètre compare le nombre total de décès signalés dans une région ou un pays – toutes causes confondues – au nombre de décès supputés d'après les tendances des précédentes années, décrivent les scientifiques.
Selon l'étude, les décès excédentaires estimés les plus élevés se trouvaient:
Les décès excédentaires estimés les plus bas se trouvaient:
La Suisse comptabilise, elle, 93 décès pour 100 000 habitants.
Pour Haidong Wang, co-auteur et expert en santé de la population à l'IHME, examiner les décès sous ce prisme permet de «comprendre le véritable nombre de morts de la pandémie». Une analyse qu'il juge «essentiel» compte tenu des nombreuses estimations potentiellement erronées diffusées dans le monde au cours de ces deux dernières années.
Le total de 18,2 millions de décès dus au Covid s'oppose aux 5,9 millions officiellement signalés par diverses sources depuis le 1er janvier 2020. Selon l'équipe de recherche basée à l'Université de Washington, cette différence provient des ralentissements et des incohérences dans la communication des données délivrées par les pays touchés par le Covid-19. Les résultats de l'IHME sont la première estimation fiable de surmortalité à paraître dans une revue médicale, a affirmé Nature qui a également traité l'info.
Si ces derniers constituent un bon indicateur de la situation pandémique, le Docteur Wang rappelle que ces estimations incluent aussi des disparitions dues à d'autres causes. Elles nécessitent donc, selon lui, d'autres recherches «afin de séparer les décès causés directement par le Covid de ceux étant des effets indirects de la pandémie».
Les scientifiques de l'IHME pensent que la surmortalité liée à la pandémie devrait diminuer. Notamment grâce aux vaccins et à d'autres nouveaux traitements. Mais la prudence reste de mise, affirment-ils: «La pandémie n'est pas encore terminée. De nouvelles variantes dangereuses du virus peuvent encore apparaître». (mndl)