Ce pourrait être «la propagation la plus rapide d'un virus respiratoire pandémique de l'histoire moderne», observe Ben Cowling, épidémiologiste à l'Université de Hong Kong. D'après un article du New York Times publié mercredi et dans lequel ce dernier est intervenu, depuis l'abandon de la politique du «Zéro Covid» décidée par la Chine le 7 décembre 2022, le virus a «explosé» dans le pays. Ces dernières semaines, la hausse d'infections aurait été si alarmante qu'elle surchargerait non seulement les hôpitaux, mais aussi les crématoires.
Alors que l'Etat avait comptabilisé 83 150 décès en date du 9 février 2023, de nombreux épidémiologistes font cas d'un «vaste sous-dénombrement», rapporte le quotidien new-yorkais. D'après eux, cette nouvelle vague chinoise aurait vraisemblablement causé la mort d'un à 1,5 million de personnes. Une telle dissonance autour d'un sujet si sensible s'explique.
Le contraste entre le rapport officiel et les estimations des scientifiques se justifient principalement dans la définition même donnée par la Chine concernant un décès dû au Covid-19. Le New York Times rappelle premièrement que, du point de vue de l'Etat, seuls les morts impliquant une insuffisance respiratoire sont comptabilisés. Or, cela laisse «de côté les personnes infectées décédées d'une insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque».
Le journal américain pointe deuxièmement une attention uniquement portée sur les décès survenant au sein des services hospitaliers:
Pourtant, entre 2018 et 2020, les morts dans les hôpitaux n'ont constitué qu'«un cinquième de tous les décès en Chine». Une part substantielle serait morte du Covid dans leur propre domicile.
Finalement, le New York Times indique un problème de transparence. Selon le média américain, «au moins neuf villes de différentes régions de Chine, dont Pékin, ont cessé de publier des totaux trimestriels de crémation». Ces constats ne trouvent cependant pas le même écho du côté du régime autoritaire chinois.
Le 19 janvier 2023, la Chine a accusé «certains médias occidentaux» de parti pris, de diffamation et de manipulation politique dans leur couverture de la fin brutale de la politique stricte du zéro Covid, rapportait Keystone-ATS. D'après l'Etat, une défense «vigoureuse» aurait en effet été mis en place pour préparer au mieux le changement de stratégie.
La fin de la politique du zéro Covid fait suite à plusieurs protestations de la population. Les règles strictes imposées par le régime autoritaire du pays pour freiner la propagation du virus avaient conduit à plusieurs abus dont certains ayant causé la disparition de plusieurs habitants.
Mais dès le 7 décembre 2022, les assouplissements ont rapidement posé un problème tout aussi conséquent, cette fois en termes sanitaires.
(mndl)