Les provocations de Donald Trump envers le Groenland viennent d'atteindre un nouveau niveau. Ce dimanche, son conseiller à la sécurité Mike Waltz et son ministre de l'Energie ont débarqué sur l'île. Ceux-ci sont accompagnés de Usha Vance, l'épouse du vice-président JD Vance. La délégation s'est invitée elle-même à la dernière minute – et les Groenlandais ne voient pas cette visite d'un bon œil.
Le chef du gouvernement groenlandais, Muté Egede, estime que c'est une provocation sans équivoque:
Il a rappelé que Mike Waltz était le confident et le conseiller le plus proche de Trump et que la pression ne faisait désormais que croître.
Le président américain a déclaré il y a dix jours qu'il pensait qu'une annexion du Groenland aurait lieu, car les Etats-Unis avaient besoin de l'île pour des raisons de sécurité. Auparavant, le vice-président Vance avait déclaré dans une interview que les Etats-Unis devaient avoir «plus d'intérêts territoriaux» au Groenland, car le royaume du Danemark ne ferait pas son travail sur cette île stratégique de l'Arctique.
jd vance: “denmark not doing its job, not being a good ally…if that means we need to take more territorial interest in greenland that is what president trump is going to do.” pic.twitter.com/sCpEwxIJRb
— ian bremmer (@ianbremmer) March 23, 2025
Muté Egede et d'autres politiciens de premier plan au Groenland ont déclaré qu'ils refuseraient de rencontrer les Américains. Le chef de gouvernement récemment élu, Jens-Frederik Nielsen, a assuré que la démarche des Etats-Unis était «irrespectueuse». Le politicien de centre-droit, vainqueur des élections du 11 mars, est actuellement en train de former sa coalition gouvernementale.
C'est précisément pour cette raison, et aussi parce que des élections locales auront lieu au Groenland début avril, que les Groenlandais sont particulièrement indignés par le fait que les Etats-Unis s'immiscent à nouveau dans les affaires de l'île.
Officiellement, la délégation se déplace «pour mieux connaître le Groenland et établir des partenariats» – et pour assister à une course de chiens de traîneau, généreusement sponsorisée par le consulat américain sur l'île. Mais pour les politiciens comme pour les experts, de telles déclarations relèvent de l'absurde.
La visite de Waltz cette semaine, qui est également étroitement impliqué dans les négociations sur l'Ukraine et Gaza, est considérée comme beaucoup plus importante que celle du fils de Trump en janvier – notamment parce que Donald Trump a depuis lors durci à plusieurs reprises sa rhétorique sur le Groenland. L'analyste en sécurité Kristian Mouritzen a qualifié la démarche des Américains de «la plus provocatrice que nous ayons vue jusqu'à présent».
Claus Mathiesen, chercheur militaire et ancien attaché de défense danois en Ukraine, compare cette action à celle des dirigeants russes peu avant la première invasion de l'Ukraine en 2014:
De son côté, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a déclaré qu'elle considérait la situation comme extrêmement grave.
Copenhague n'a pas été informée de l'arrivée de la délégation. Le Danemark a envoyé en toute hâte dimanche un avion avec des unités de police à Nuuk. Deux transports militaires américains avec du personnel de sécurité et quatre véhicules blindés y avaient déjà atterri pour préparer la visite.
Au Groenland, les opinions se sont massivement retournées contre les États-Unis ces dernières semaines et l'ambiance générale est teintée de colère. Tous les partis ont clairement rejeté les velléités d'annexion de Trump. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités – plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue, soit près de 1,5% de la population.
Les Etats-Unis ignorent toutefois très consciemment les protestations. Leur message est clair:
Le chef du gouvernement groenlandais a appelé ses «autres alliés internationaux» à s'élever haut et fort contre «l'agression américaine».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci