Cette nuit, Joe Biden a sorti les crocs. Dans un puissant discours sur l'état de l'Union que personne n'attendait, le président des Etats-Unis s'est réveillé. Un peu tard, mais il s'est réveillé. Un speech qui a été loué loin à la ronde, aussi parce que l'homme de 81 ans n'avait pas été aussi efficace verbalement depuis fort longtemps. Une stratégie volontaire pour les uns, un sursaut inespéré pour les autres.
Quoiqu'il en soit, l'homme censé être le plus puissant du monde, l'a enfin été le temps d'une prise de parole qu'il a quasi exclusivement dédiée l'assassinat politique de son unique adversaire, Donald Trump.
Forcément, quand le candidat démocrate maîtrise son sport, en face, c'est très vite la débandade. Cette nuit, fidèle à sa technique préférée, Donald Trump s'est donc résolu à dégainer de la satire et de la moquerie, pour tenter de déstabiliser les partisans d'un président qui s'est acharné sur le milliardaire.
Au menu, publications ironiques, photos détournées et vidéos trafiquées. Avant que les serveurs de son réseau Truth Social ne plantent méchamment, Trump a eu le temps de balancer quelques vacheries ordinaires. En ligne de mire, son âge, ses chutes dans les escaliers qui mènent à Air Force One ou encore la supposée toux constante du président, durant son discours.
Et puis, vendredi à l'aube, le candidat républicain a poussé le curseur un peu plus loin, dans une fronde digne d'un enfant de 5 ans. Sur son compte Instagram, Trump a publié une vidéo d'un peu moins d'une minute, dans laquelle on voit Biden sur l'estrade, affublé d'une série de filtres Snapchat. Si on rêve d'imaginer le milliardaire, tout seul dans son manoir de Mar-a-Lago, penché sur son smartphone a monter lui-même la séquence, c'est évidemment sa jeune garde de snipers qui s'en est chargé.
Une fois flanqués d'yeux globuleux, de couettes de fille de la campagne ou encore d'un nez de Pinocchio, Joe Biden et sa colistière Kamala Harris perdent évidemment toute espèce de crédibilité. La technique est évidemment puérile, on sent aussi la rage qui gronde sous lesdits filtres, mais il faut avouer que c'est drôle.
Et il faut avouer que sur les réseaux sociaux, la séquence a rempli sa mission. Repartagée, logiquement et en quantité industrielle, par les partisans de Donald Trump, elle a aussi voyagé sur les comptes de démocrates atterrés par tant de «gamineries», l'accusant de ne pas avoir de véritables critiques sur le fond, à formuler à son adversaire.
C'est aussi totalement de bonne guerre. Surtout aux Etats-Unis. Car avec son discours coup de poing de cette nuit, Joe Biden a (enfin) inauguré, pour de bon cette fois, la campagne présidentielle de 2024. Et ça va frapper fort. Sortez les gants (et le popcorn).