L'ancien locataire de la Maison-Blanche, qui rêve de la reconquérir en 2024, est officiellement inculpé par le procureur de Manhattan Alvin Bragg, dépendant de la justice de l'Etat de New York, pour une affaire de versement et de remboursement (juste avant la présidentielle de novembre 2016) de 130 000 dollars à l'actrice et réalisatrice de films X Stormy Daniels.
Son avocate Susan Necheles a récemment commenté:
Un porte-parole du parquet local avait indiqué auparavant avoir organisé, avec la défense de Donald Trump, «sa reddition devant le procureur du district de Manhattan pour une audience d'inculpation devant une cour suprême».
Selon un communiqué publié après le vote d'un grand jury – un panel de citoyens aux pouvoirs d'enquête qui travaille de concert avec des procureurs –, le tribunal serait en faveur de cette inculpation.
Cet acte, ainsi que les poursuites, reste pour l'instant «sous scellés». CNN évoque une trentaine de chefs d'inculpation tournant autour de fraudes pour dissimuler la circulation et la comptabilité fin 2016 des fameux 130 000 dollars.
Depuis des années, la justice new-yorkaise cherche à déterminer si l'ex-président républicain de 76 ans s'est rendu coupable de fausses déclarations, une infraction mineure, ou de manquement aux lois sur le financement électoral (un délit pénal) en ayant versé de l'argent à Stormy Daniels juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016.
Dans quel but? Pour que celle-ci taise une supposée relation extraconjugale datant de 2006. Donald Trump devra donc se «rendre» au tribunal de Manhattan pour la lecture de l'acte d'accusation par un juge, être brièvement et symboliquement placé «en état d'arrestation», photographié et ses empreintes digitales relevées.
Il devra alors plaider coupable ou non coupable. L'homme clé du dossier s'appelle Michael Cohen: ancien avocat de Donald Trump devenu son ennemi, il avait payé Stormy Daniels en 2016 et s'était fait rembourser. Après une peine de prison, il collabore à l'enquête à partir de fin 2018 et a témoigné plusieurs fois devant le grand jury.
Le 45e président des Etats-Unis a brocardé dans un communiqué une «persécution politique et une ingérence dans l'élection» présidentielle de 2024. Il a dénoncé une «chasse aux sorcières» qui «se retournera contre Biden», le président démocrate élu en novembre 2020 et que Donald Trump accuse depuis plus de deux ans d'avoir «volé» sa victoire.
Sur son réseau social Truth Social, le milliardaire, qui a bouleversé depuis 2015 le système politique et l'équilibre des pouvoirs aux Etats-Unis, a torpillé des adversaires qu'il n'a pas nommés:
Stormy Daniels, Stephanie Clifford de son vrai nom, qui collabore avec la justice depuis près de six ans, s'est exclamée sur Twitter qu'elle ne voulait «pas renverser son champagne». Son avocat Clark Brewster a lancé:
L'un des rivaux républicains de Trump pour 2024, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a jugé cette inculpation «contraire aux valeurs de l'Amérique» et assuré que son Etat, où réside l'ancien président, ne répondrait pas favorablement «à une demande d'extradition» de l'Etat de New York.
Même soutien sans faille du président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, pour qui «le peuple américain ne tolérera pas cette injustice» et un «abus de pouvoir sans précédent» de la part du procureur Bragg.
Du côté des démocrates, le parlementaire Adam Schiff, a jugé que «l'inculpation et l'arrestation d'un ancien président étaient uniques dans toute l'histoire américaine». (jah/ats)