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Si Trump tombe, les Etats-Unis craignent la «guerre civile»

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Si Trump tombe, les Etats-Unis craignent la «guerre civile»

Le souvenir du Capitole remonte à la surface: Ce mardi, Donald Trump est attendu dans un tribunal fédéral de Miami barricadé et sous haute tension, dans l'affaire retentissante des archives présidentielles. Pour certains, cet «acharnement» mérite «représailles», «châtiments», «expéditions punitives». On parle même d'une «guerre civile». Des menaces prises au sérieux.
13.06.2023, 05:5413.06.2023, 13:02
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Octobre 2019, Trump prévient tout le monde sur Twitter: sa destitution «provoquera une guerre civile» dont le pays «pourrait ne jamais se remettre». Juin 2023, quelques minutes après son énième inculpation, un forum d'extrême droite (baptisé The Donald) plie sous les assauts sans équivoque: «Nous devons commencer à tuer ces putains de traîtres». En pleine campagne présidentielle, on ne parle donc plus de revanche électorale, mais de «tuerie de masse» quand il s'agit de défendre un poulain en difficulté. Certes, rien de bien neuf sous le ciel MAGA, mais une nouvelle intensité, qui effraie non seulement les démocrates, mais inquiète les politologues rompus à l'étude des violences en politique.

D'autant qu'on ne parle plus (seulement) d'une poignée de Proud Boys décomplexés de la gâchette. Après la rhétorique, l'heure est à l'expédition punitive. Ce week-end, des élus conservateurs qu'on imaginait un minimum mesurés, se sont donnés le mot pour lui mettre le feu.

Kari Lake, la républicaine de l'Arizona que certains démocrates surnomment encore la «Trump en jupon», s'est fendue d'un message armé jusqu'aux dents: «Si vous voulez atteindre le président Trump, vous allez devoir passer par moi. Et vous allez devoir passer par 75 millions d'Américains qui, comme moi, ont leur carte d'adhésion à la NRA.» Ceux qui ont le canon au milieu du front? Le procureur des Etats-Unis (Merrick Garland), l'avocat spécial qui a inculpé Trump (Jack Smith) et, évidemment, Joe Biden.

Kari Lake ajoute:

«Ce n'est pas une menace, mais une annonce de service public»

Vous l'aurez compris, pour bon nombre de soutiens indéfectibles, les 37 chefs d'inculpation qui pèsent désormais sur le candidat sont une «déclaration de guerre» qui appelle à des «représailles». Ce n'est pas la petite amie de Donald Trump Jr, Kimberly Guilfoyle, qui dira le contraire, elle qui a fait trembler Instagram, ce week-end, en paraphrasant Game of Thrones: «Le châtiment arrive». Kimberly Guilfoyle, autrefois présentatrice sur Fox News, est désormais investie à temps plein dans un comité d'action politique (un Super PAC) en soutien au candidat. Gare au «justicier démocrate» qui envisagerait de s'en prendre à beau-papa.

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Appels à exécuter Obama

Ce n'est pas tout. Pete Santilli, conservateur-présenteur-provacteur bien connu de l'alt-right américaine, a appelé «tous les marines» du pays à «attacher Biden à l'arrière d'un putain de pick-up», pour le faire «sortir de force» du Bureau ovale. En mars dernier, le même personnage allait plus loin, invitant «les militaires» à placer «Obama et Biden contre un mur» et de «faire la seule chose qui reste à faire», si Trump se retrouvait inculpé.

Le candidat MAGA désormais inculpé, Barack Obama est pourtant bel et bien vivant. Mais ce n'est tant ce qui inquiète le plus les spécialistes. Si le principal intéressé n'a encore jamais dépassé franchement la frontière rhétorique, il galvanise sa base avec la même hargne que le 6 janvier 2021. La violence gronde, mais planquée derrière des rires gras ou un sentiment aigu de persécution. «Voilà ce qu'ils me font, à vous de décider comment répliquer», qu'il propage sans le dire explicitement. Pas (encore) folle la bête.

Pas plus tard que dimanche, le milliardaire a publié une vidéo parodique, sur Instagram, faisant atterrir l'une de ses balles de golf sur le crâne de Biden, le jour de la fâcheuse chute du président de 80 ans.

Qu'une républicaine brandisse des «représailles armées» ou que Trump annonce «quelque chose de sauvage» quelques heures avant les émeutes du 6 janvier 2021, aucun responsable politique n'a encore été inquiété pour avoir soufflé verbalement sur les braises.

«Jusqu'à ce qu'un drame se produise, il y a trop peu d'outils de dissuasion face ce type de langage»
Mary McCord, ancienne haut responsable du ministère de la Justice, étudie depuis longtemps les liens entre une rhétorique extrémiste et une violence réelle.Citée par le New york times

Pourtant, dans la foulée de la perquisition de Mar-a-Lago, en août dernier, acte déjà qualifié de «guerrier» par certains fanzines pro-Trump, un homme armé d'un semi-automatique a tenté de s'infiltrer dans les bureaux du FBI à Cincinnati. Il se fera tuer par les agents avant d'y parvenir.

Bien sûr, tous les républicains, tous les conservateurs, tous les fervents admirateurs de Donald Trump n'envisagent pas de former une armée pour renverser la démocratie. Mais de récentes études prouvent que plus d'un citoyen américain refuse de se contenter de glisser un bulletin dans des urnes.

«Le danger, aux États-Unis, c'est que la violence politique est passée de la marge au courant dominant»
Robert Pape, professeur à l'Université de Chicago.

Vendredi, le Guardian dévoilait ainsi que 12 millions d'adultes américains, «soit 4,4% de la population adulte», considèrent encore aujourd'hui que la «violence est justifiée» pour «remettre Donald Trump au pouvoir». Le projet Security & Threats de l'université de Chicago, qui a rendu publique ses conclusions en mai dernier, signale qu'un «adulte américain sur cinq croit toujours que les élections de 2020 ont été volées à Trump».

Le professeur Robert Pape rappelle quand même, et en prenant le Capitole en exemple, qu'il «faut une confluence de beaucoup de facteurs pour que la violence réelle se produise». Autrement dit, ce mardi, à l'arrivée de Trump devant le tribunal fédéral de Miami, il est peu probable que la guerre civile monte d'un coup, comme une mayonnaise pimentée. Mais dans un pays où 10% des adultes croient dur comme fer que le pouvoir est détenu par une société secrète, composée de pédophiles adorateurs de Satan, les politistes s'attendent (poliment) à «une campagne électorale extrêmement tumultueuse».

Des milkshakes absurdement lourds made in USA, hell yeah!
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source: sodajerkco.com / sodajerkco.com
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Trump se prend pour Superman et veut sauver les USA
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