Donald Trump a musclé lundi sa réponse à des heurts entre policiers et manifestants à Los Angeles. Il a déployé des militaires du corps des Marines et appelé 2000 réservistes supplémentaires, des mesures jugées disproportionnées et illégales par ses opposants.
Après plusieurs jours d'affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants opposés aux expulsions massives d'immigrés clandestins, le républicain de 78 ans a pris lundi la décision exceptionnelle de déployer sur le territoire américain 700 militaires d'active de ce corps d'élite. Il a également ordonné l'envoi de 2000 membres supplémentaires de la Garde nationale, un corps de réserve, qui viennent s'ajouter aux quelque 2100 déjà annoncés dans la deuxième plus grande ville américaine.
En pratique, 1700 gardes ont total avaient été effectivement déployés lundi soir, selon le Commandement Nord de l'armée américaine.
Sur le terrain en Californie, la tension a toutefois paru retomber quelque peu lundi soir, avec des incidents plus localisés. A Santa Ana, à 50 km au sud-ouest de Los Angeles, les forces de l'ordre ont tiré dans la soirée des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes en direction de manifestants criant des slogans contre la police fédérale de l'immigration (ICE).
Des accrochages ont été également été rapportés à New York ainsi qu'au Texas. A New York, la police a procédé à des arrestations lors d'une manifestation à Manhattan, et à Austin, des gaz lacrymogènes ont été tirés, selon la chaine KXAN, filiale de NBC.
Le recours aux forces militaires fédérales en Californie a provoqué la colère et l'incompréhension de manifestants mais aussi de nombreux responsables démocrates qui accusent le président d'attiser les tensions. «Ils sont censés nous protéger, mais à la place, ils sont envoyés pour nous attaquer», a dénoncé Kelly Diemer, une manifestante de 47 ans, jugeant que les Etats-Unis n'étaient «plus une démocratie».
Déjà opposé à l'envoi de la Garde nationale, le gouverneur démocrate de l'Etat, Gavin Newsom, a estimé que le déploiement de militaires d'active assouvissait «le fantasme fou d'un président dictatorial». Le gouverneur a aussi critiqué la mobilisation annoncée de 2000 réservistes supplémentaires, alors que les premiers envoyés n'auraient reçu ni eau ni nourriture selon lui.
Pour l'universitaire et ancien officier Rachel VanLandingham, la décision de déployer une unité de choc comme les Marines est «extrêmement rare» et potentiellement accidentogène. Ces militaires ne sont pas formés au maintien de l'ordre ni habitués à travailler «avec les forces de l'ordre locales».
Clairement décidé à durcir le ton, Donald Trump a averti mis en garde sur sa plateforme Truth Social ceux qu'il appelle des «insurgés»: «S'ils crachent, nous frappons, et je vous promets que nous frapperons comme jamais auparavant.»
Des gardes nationaux, en uniforme militaire et dotés de bâtons et de boucliers anti-émeutes, ont été déployés lundi devant un centre de détention fédéral de la ville. Face à eux, des manifestants ont crié: «Cochons, rentrez chez vous!»
Une foule de plus en plus nombreuse a convergé aussi vers le centre de Los Angeles, où des policiers ont séparé les manifestants des agents fédéraux. Des carcasses de voitures incendiées jonchaient encore la rue, traces des heurts qui ont débouché en deux jours sur 56 arrestations.
Une propriétaire d'un petit commerce, qui a préféré garder l'anonymat, s'est prononcée en faveur de la répression musclée des autorités fédérales. «C'est nécessaire pour arrêter le vandalisme», a-t-elle déclaré alors que la devanture de son commerce a été taguée de graffitis.
Vendredi, des manifestants avaient tenté de s'interposer face aux arrestations musclées d'immigrés menées par l'ICE. «J'ai vu mon père menotté, entravé à la taille et aux chevilles. C'était très traumatisant», a témoigné lundi lors d'une conférence de presse Julian, se présentant comme la fille de Mario Romero, arrêté par l'ICE.
Le procureur général de Californie Rob Bonta a annoncé lundi poursuivre Donald Trump en justice, estimant que son choix de mobiliser la Garde nationale sans l'aval du gouverneur «violait» la Constitution.
A en croire Donald Trump, la métropole californienne aurait été «rayée de la carte» s'il n'avait décidé d'envoyer la Garde nationale. Une version contredite par le procureur du comté de Los Angeles, Nathan Hochman. «Nous n'avons pas constaté de troubles civils de grande ampleur qui nécessiteraient 2000 gardes nationaux et 500 ou 700 soldats supplémentaires», a-t-il affirmé. (jzs/ats)