Monique Olivier, la compagne de Michel Fourniret, le tristement célèbre tueur en série mort en 2021, pourrait incarner cette maxime: «méfiez-vous de l'eau qui dort». Une phrase que Francis Nachbar, l'ancien procureur des Ardennes, a soulignée dans ce dossier. Harassé par quatre années d'enquête sur le couple sadique, il ne cachait plus son dégoût en décrivant la personnalité de Monique Olivier.
Sur le plateau de l'émission de C à vous sur France 5, il dira aussi qu'«elle s'est toujours victimisée, tout le temps à pleurer sur son sort».
L'ancien magistrat persiste et signe, mercredi 29 novembre et devant les assises, en assurant qu'elle est «une menteuse pathologique». Il la décrit comme un monstre de perversité et de cruauté, et ajoute qu'«il y a une duplicité chez elle qui dépasse l'entendement».
Derrière l'image véhiculée par cette femme qui a toujours martelé «qu’elle avait peur de lui; qu’il pouvait très bien lui réserver le même sort qu’à ses victimes», l'épouse de «l'ogre des Ardennes» est-elle la clé de voûte de ses pulsions macabres?
Jacques Dewitte, philosophe belge, avait cette phrase: «Celui qui hurle avec les loups devient un loup».
Une citation qui pourrait faire le pont entre la femme et le pacte criminel scellé en 1987 avec «l'ogre». Un engrenage vicié qui a démarré lorsqu'elle entame une longue correspondance de plus de 200 lettres avec le taulard Fourniret. Elle avait répondu à une annonce parue dans un magazine catholique, Le Pèlerin, diffusée par le pédophile. Ils se marient dès sa sortie en 1987, s'installent dans l'Yonne, et, seize ans plus tard, le voilà pris la main dans le sac dans la foulée d'un enlèvement raté. Une fois écroué, le pédophile né à Sedan sera inculpé pour une dizaine de meurtres, onze ont été avoués, alors que le tueur en série serait à l'origine de 21 autres meurtres. Son ombre plane sur plusieurs dossiers non résolus et Monique Olivier pourrait être le détonateur.
Les faits (glaçants) nous rappellent qu'elle a lavé des victimes, «aidé» (à coup de fellations) son mari à avoir des érections pour commettre des viols. Comment une mère de deux enfants peut-elle à ce point glisser dans la cruauté, passant de rabatteuse à complice de tels crimes?
"Il y a une duplicité chez Monique Olivier qui dépasse l'entendement. Or, sans elle, Michel Fourniret n'aurait pas tué, j'en suis personnellement convaincu."
— C à vous (@cavousf5) November 28, 2023
Procès de Monique Olivier : Francis Nachbar dans #CàVous pic.twitter.com/XNfGxVDTkn
Agée désormais de 75 ans, ses longs cheveux noirs ayant fait place à une courte touffe grise, Monique Olivier est jugée depuis ce mardi 28 novembre, à Nanterre, pour complicité pour trois meurtres - ceux d'Estelle Mouzin, de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce.
C'est elle «le bras armé» de Fourniret, selon l'expertise d'un collège de psychologues qui s'est penché sur la dynamique du couple. Une thèse que le docteur Zagury, qui a expertisé Monique Olivier, appuie, la qualifiant de «phallus de Fourniret».
Deux monstres qui ont uni leur force et ont encapsulé une domination, un désir d'étreindre les pires atrocités pour combler leurs déviances. A travers les actes de son époux, elle assouvissait «ses fantasmes sexuels les plus archaïques à la vue du martyr de ces jeunes filles», insistait Francis Nachbar. Elle qui se pose en femme soumise, terrorisée, dissimulerait une personnalité manipulatrice.
Mercredi après-midi, lors du procès, l'ancien procureur décrivait une méthode utilisée par les autorités pour arracher des vérités au couple en surveillant un parloir.
La femme jouait avec cet homme qui se prétendait «le plus intelligent du monde». Mais comment une femme au foyer et mère de deux enfants, rappelons-le, sans histoire, que rien ne prédestinait à une carrière criminelle, a pu embrasser une telle métamorphose?
Eric Mouzin, père d'Estelle Mouzin, espère qu'elle va s'ouvrir à travers ce procès, pour «approcher une forme de vérité».
Or, cette posture mutique et impénétrable s'est quelque peu fendue dès l'entame du procès. Monique Olivier a reconnu tous les faits qui lui sont reprochés, bien qu'elle assure ne «pas être la méchante dans l'histoire». Mais elle ne précise toujours pas les emplacements des corps. Monique Olivier semble donner raison à Robert Louis Stevenson: