Robert Badinter est décédé à l'âge de 95 ans dans la nuit de jeudi à vendredi, a-t-on appris auprès de sa collaboratrice, Aude Napoli. Ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, il avait porté avec ferveur le projet de loi abolissant la peine capitale, définitivement adoptée en 1981. Cet acte historique a marqué un tournant majeur dans l'histoire de la justice française et a fait de Badinter une figure symbolique de l'humanisme.
Brillant juriste, membre du Parti socialiste, il est successivement garde des Sceaux de 1981 à 1986, président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 et sénateur des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011.
Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français. pic.twitter.com/3IJ9jekLSd
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 9, 2024
Le président Emmanuel Macron a salué sur X «une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français». «Il aura consacré chaque seconde de sa vie à se battre pour ce qui était juste, à se battre pour les libertés fondamentales. L'abolition de la peine de mort sera à jamais son legs pour la France», a de son côté écrit sur X le Premier ministre Gabriel Attal.
Ministre de la Justice du président socialiste François Mitterrand (1981-1986), Robert Badinter porta la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur de ce châtiment suprême. Il s'investit par la suite, jusqu'à son «dernier souffle de vie», pour l'abolition universelle de la peine capitale.
Il naît à Paris le 30 mars 1928 dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l'actuelle Moldavie). Son père, arrêté sous ses yeux en 1942 à Lyon, meurt en déportation dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne
Après des études de lettres et de droit et un diplôme de l'université Columbia, il devient avocat au barreau de Paris et mène parallèlement une carrière d'enseignant universitaire.
Cofondateur avec Jean-Denis Bredin d'un prestigieux cabinet d'avocats, il défend des personnalités, des grands noms de la presse ou de l'entreprise et plaide occasionnellement aux assises.
En 1977, il évite la peine capitale au meurtrier d'enfant Patrick Henry, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Après cela, cinq autres hommes échappent grâce à lui à l'échafaud.
Il était marié depuis 1966 à la philosophe Elisabeth Badinter, née Bleustein-Blanchet, avec qui il a eu trois enfants.
(jah avec ats)