Des dizaines de manifestants ont été tués par la police dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu'ils tentaient de s'emparer de bâtiments administratifs au Kazakhstan, a annoncé la police du pays. La Russie et ses alliés ont envoyé «une force de maintien de la paix». Que se passe-t-il dans le pays?
Tout a commencé dimanche avec la hausse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) dans une ville de l'ouest du pays. Le mouvement a ensuite gangréné le territoire kazakh jusqu'à la ville d'Almaty, capitale économique de ce pays d'Asie centrale.
La journée du mardi fut agitée: La police a utilisé des grenades assourdissantes, des tirs et du gaz lacrymogène pour disperser la manifestation qui avait rassemblé plusieurs milliers de personnes. Une autre des solutions? Décréter l'état d'urgence à Almaty et dans la province de Mangystau à partir du 5 janvier et jusqu'au 19 janvier. Dans la soirée de mardi, les autorités ont annoncé concéder une réduction du prix du GNL en le fixant à 0,1 euro (0,5 tenge, la monnaie locale) le litre dans la région. Cette promesse n'a pas pour autant entraîné l'arrêt de la protestation.
NOW - Situation in #Almaty, Kazakhstan's largest metropolis, spirals out of control. The president imposes a curfew and deploys the military to quell the anti-government protests. pic.twitter.com/AZIsZlhEYd
— Disclose.tv (@disclosetv) January 4, 2022
Kassym-Jomart Tokaïev, le chef de l'Etat de 68 ans qui gouverne le pays depuis 2019, a alors accepté mercredi la démission du gouvernement dirigé par le premier ministre Askar Mamin, en réponse aux manifestations. En parallèle, les manifestations ont continué et la police a tiré des grenades assourdissantes sur une foule d'un millier de manifestants à Almaty. Les protestataires s'étaient rassemblés sur une place de la ville et se dirigeaient en direction du principal bâtiment de l'administration locale.
Un groupe de manifestants a réussi à pénétrer dans le principal bâtiment de l'administration d'Almaty. La police a tiré des grenades assourdissantes et utilisé du gaz lacrymogène contre la foule de plusieurs milliers de personnes sans parvenir à les empêcher d'entrer dans le bâtiment. Des protestataires ont récupéré des matraques et boucliers de la police.
The president of Kazakhstan has said there'll be a "tough" response to protests across the country. Read more on DW: https://t.co/KVCHsiDAZp pic.twitter.com/5Zmj7nDsYs
— DW News (@dwnews) January 5, 2022
A la suite de ces débordements, le gouvernement kazakh a demandé l'aide de Moscou et de ses alliés. La Russie a alors appelé mercredi au «dialogue» au Kazakhstan, tandis que le président Kassym-Jomart Tokaïev à la télévision d'Etat a déclaré que:
Cette organisation rassemble autour de la Russie plusieurs anciennes républiques soviétiques, dont le Belarus et l'Ouzbékistan. Le président de l'OTSC, le premier ministre arménien Nikol Pachinian, a indiqué sur Facebook que l'alliance avait décidé d'envoyer «une force collective de maintien de la paix» pour «une durée de temps limitée afin de stabiliser et normaliser la situation dans ce pays», qui a été provoquée par «une ingérence extérieure».
La Russie et ses alliés ont donc annoncé dans ce contexte l'envoi du premier contingent de forces «de maintien de la paix» au Kazakhstan.
Selon Azirbek, le porte-parole de la police, une opération «antiterroriste» est en cours dans l'un des quartiers d'Almaty, car le président kazakh affirme que des «gangs terroristes» ayant «reçu un entraînement approfondi à l'étranger» sont à la tête des manifestations.
«Plus de mille personnes ont été blessées à la suite des émeutes dans différentes régions du Kazakhstan, près de 400 d'entre elles ont été hospitalisées et 62 personnes sont en soins intensifs», a indiqué le vice-ministre Ajar Guiniat.
Republic Square, Almaty — Kazakhstan: Counter-terrorist operation carried out by Kazakh Spec Ops / Sec Forces — about two hours ago pic.twitter.com/l83unKjCii
— ASB News / MILITARY〽️ (@ASBMilitary) January 6, 2022
Selon le ministère de l'Intérieur kazakh, au moins douze membres des forces de sécurité ont été tués et 353 blessés.
Alors qu'internet et les téléphones portables étaient bloqués mercredi dans le pays, des images diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux ont montré des magasins pillés et certains bâtiments administratifs investis et incendiés à Almaty, tandis que des tirs d'arme automatique pouvaient être entendus. (ats/myrt)