Seulement quatre mois se sont écoulés depuis qu'Elon Musk a racheté Twitter et abruptement remercié la moitié du personnel. Mais le patron continue de licencier des employés et de susciter des polémiques, semant le doute sur la capacité de la plateforme à survivre.
Ce week-end, l'entreprise californienne, basée à San Francisco, a encore licencié au moins 200 salariés, soit 10% de ses effectifs, selon le New York Times.
Depuis fin octobre, entre les plans sociaux, les démissions et les ingénieurs personnellement congédiés pour avoir critiqué Elon Musk, la société était déjà passée de 7500 à 2000 employés, d'après les estimations du quotidien et d'autres médias spécialisés comme The Information.
Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence, prédit que le réseau social, qui comptait plus de 368 millions d'utilisateurs mensuels dans le monde en 2022, va en perdre quelque 32 millions entre 2022 et 2024, rebutés par la prolifération des contenus «toxiques» et/ou par l'augmentation du nombre de pannes.
L'énigmatique dirigeant et milliardaire ne semble de toute façon pas chercher à apaiser ni les annonceurs ni les associations.
Ce week-end, le fondateur de SpaceX a défendu le dessinateur Scott Adams, qui a affirmé «ne rien vouloir avoir à faire avec» la population noire.
Plusieurs journaux ont annoncé qu'ils ne publieraient plus ses dessins, mais Musk a lui accusé dimanche les médias américains d'être «racistes envers les Blancs et les Asiatiques» après avoir été «longtemps racistes envers les personnes non-blanches».
Selon cette ONG de lutte contre la désinformation, des publicités pour diverses entreprises sont apparues à côté de «comptes d'antisémites qui nient l'Holocauste».
Et cette tendance va empirer: «Twitter a réussi à éviter un déclin de sa base d'utilisateurs en 2022 notamment parce que les gens voulaient assister en direct à la saga entre Musk et le réseau», estime-t-elle. Mais l'entrepreneur «n'est plus au goût du jour». C'est ce qu'un ingénieur du site a essayé d'expliquer à Elon Musk au début du mois, d'après The Verge.
Le multimilliardaire avait demandé à des développeurs pourquoi ses messages étaient moins lus qu'avant. Un informaticien lui a expliqué qu'il s'agissait d'un problème de popularité et non d'algorithme — il a été licencié.
Par ailleurs, Blue, l'abonnement payant lancé l'année dernière dans la plus grande confusion, comme alternative aux revenus publicitaires, ne fait pas un tabac. Mi-janvier, seules 180 000 personnes avaient souscrit à la formule aux Etats-Unis, d'après The Information.
Esther Crawford, l'architecte de ce produit, fait partie des employés remerciés ce week-end. Elle avait été l'une des rares responsables à afficher son soutien au nouveau patron, retweetant même une photo où on la voyait dormir dans un sac de couchage sur son lieu de travail:
Elon Musk, à nouveau homme le plus riche du monde selon Bloomberg, cherche quelqu'un pour le remplacer à la tête de Twitter, une mesure qui pourrait aider la plateforme à rebondir.
D'ici là, «à moins qu'il ne prenne une décision pour mettre fin au service, Twitter va survivre», pense Jasmine Enberg. «Il y a une base d'utilisateurs fidèles, et le réseau peut survivre même avec des problèmes techniques et une atmosphère désagréable». (ats/jch)