Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi à Marseille (sud) le lancement d'une «opération sans précédent» destinée à «porter un coup d'arrêt aux trafics de drogue» qui ont ensanglanté la deuxième ville du pays.
À Marseille et dans d’autres villes de France, c’est une opération sans précédent que nous avons lancée pour porter un coup d’arrêt aux trafics de drogues, assurer l’ordre républicain, faire « place nette ». pic.twitter.com/hnmI8NYhS5
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 19, 2024
Sa visite surprise intervient deux semaines après le cri d'alarme de magistrats marseillais demandant un «plan Marshall» pour sauver la cité phocéenne du narcotrafic qui la gangrène.
Emmanuel Macron a débuté son déplacement par la cité de la Castellane, dans le nord de Marseille, pour une «première opération 'Place nette XXL'», laquelle avec les autres objectifs qui suivront va mobiliser de très importants effectifs de police pendant plusieurs semaines.
La guerre de territoires pour le contrôle des juteux points de deal a ensanglanté la cité phocéenne comme jamais en 2023, avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 personnes blessées.
Si depuis le début de l'année, une certaine accalmie semble se dessiner, après de nombreuses interpellations, «ça pourrait reprendre, on a des petits prémices», a alerté mardi le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone.
Lors de cette première journée d'opération, 80 interpellations ont eu lieu et 140 000 euros saisis, selon une source officielle. De source proche du dossier, 4000 policiers et gendarmes vont être mobilisés par semaine à Marseille et dans les communes alentours, pour trois semaines au total.
«Avant, la police, ils venaient une, deux fois par jour, maintenant ils sont là tout le temps, pour le 'shit' ils ont fait du bon travail. Comme commerçant, c'est une bonne nouvelle, il y a des gens qui n'osaient pas venir dans le quartier», a estimé Youssouf Issilamou, 32 ans, un Comorien employé d'une boucherie halal de la cité, où il réside.
Olivier Leurent, le président du tribunal judiciaire de Marseille, avait réclamé au début du mois la «mise en place d'un plan Marshall» pour combattre des criminels disposant «d'une force de frappe considérable sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques».
Le président s'était exprimé de la sorte devant la commission sénatoriale d'enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues en France, jugeant que l'Etat semblait mener une «guerre asymétrique contre le narcobanditisme».
«Nous sommes en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille», s'était de son côté alarmée Isabelle Fort, responsable du service «criminalité organisée» du parquet de la ville.
Ce qui se passe à Marseille ne fait que préfigurer l'évolution du trafic de stupéfiants «qu'on observe par ailleurs partout sur le territoire national: le rajeunissement des petites mains, un recours accru à des violences, des séquestrations, des homicides, le déplacement du trafic de l'urbain vers le rural», a résumé Jérôme Durain, le président de la commission d'enquête.
La visite d'Emmanuel Macron intervient alors que plusieurs coups de filet ont eu lieu récemment au sein des deux principaux gangs, DZ Mafia et Yoda, qui se disputent le contrôle du trafic de stupéfiants dans la deuxième ville de France. Félix Bingui, 33 ans, alias «le chat», le chef présumé du clan «Yoda», a ainsi été interpellé au Maroc début mars. (ats/afp/svp)