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Ils ont enquêté sur les poulets de Migros, Coop, Aldi et Lidl

En Suisse, les poulets de chair vivent généralement dans des conditions intensives, dans de vastes halles sans accès à l'extérieur.
En Suisse, les poulets de chair vivent généralement dans des conditions intensives, dans de vastes halles sans accès à l'extérieur.Image: Shutterstock

Ils ont enquêté sur les poulets vendus par Migros, Coop, Aldi et Lidl

Le bien-être des poulets en Suisse, publicité ou réalité? Une nouvelle enquête révèle les «performances» des grandes chaînes suisses en matière de protection des animaux et met en lumière les domaines nécessitant encore des améliorations.
18.12.2025, 11:5518.12.2025, 11:55
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli

Sur des prairies d'un vert éclatant, les poulets grattent le sol et picorent des grains, l'air satisfait. Certaines publicités suggèrent que les poulets suisses ont une vie idyllique, mais la réalité est bien différente.

Chaque année, plus de 80 millions de poulets de chair sont élevés et abattus en Suisse. Plus de 90% passent toute leur vie à l'intérieur et ne voient jamais la lumière du jour, rapporte Sentience Politics. En ajoutant:

«Derrière ce chiffre se trouvent des êtres sensibles élevés pour croître de manière artificiellement rapide.»

Cette croissance accélérée les empêche souvent de se tenir debout ou de marcher normalement et entraîne fréquemment des troubles du comportement. De plus, le cœur et les poumons peinent à suivre ce rythme, si bien que de nombreux poulets souffrent de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires.

Les poulets d'une exploitation suisse, sélectionnés pour une croissance rapide et une production de viande élevée. Ils souffrent souvent de problèmes de santé tels que des difficultés de mouvement, de ...
Les poulets d'une exploitation suisse, sélectionnés pour une croissance rapide et une production de viande élevée. Ils souffrent souvent de problèmes de santé tels que des difficultés de mouvement, des troubles cardiaques et respiratoires, ainsi que des comportements anormaux comme le picage agressif.Image: observatoireduspecisme

La Suisse, pionnière en matière de bien-être animal?

Dans l'UE, des initiatives visent à limiter l'élevage de poulets de chair à croissance rapide. La situation est différente en Suisse:

«Les grandes chaînes suisses se vantent de qualité, de responsabilité et de transparence, mais aucune n'a signé le European Chicken Commitment (ECC).»
Sentience Politics.

Cet accord volontaire européen a pour objectif de réduire la souffrance des poulets de chair, notamment par l'élevage de races à croissance plus lente, en offrant davantage d'espace, de meilleures conditions d'élevage, ainsi qu'en mettant en place des contrôles indépendants et une transparence accrue. De grandes entreprises européennes comme Subway, KFC, Burger King UK, Domino's ou Nestlé se sont engagées volontairement à appliquer ces standards de protection animale d'ici 2026. Cet engagement n'a toutefois pas de valeur contraignante.

La Suisse reste-t-elle à la traîne? Sentience Politics a examiné la manière dont les grandes chaînes suisses se positionnent par rapport aux standards ECC: quelles enseignes prennent au sérieux leurs engagements en matière de protection animale, et où des améliorations sont encore nécessaires.

Coop arrive en tête du classement. L'entreprise se distingue par la qualité des conditions d'élevage et des méthodes d'abattage. Pourtant, 88% des poulets proviennent encore de races à croissance rapide.

Coop explique à watson :

«Nous respectons toujours les prescriptions légales ainsi que les directives sectorielles. Toutes les exploitations suisses qui produisent de la viande de poulet pour nous respectent au minimum les normes STT, dont le respect est régulièrement contrôlé.»

Le programme SST (Systèmes de Stabulation particulièrement respectueux des animaux) fixe en Suisse des standards supérieurs aux exigences légales pour les animaux de rente: plus d'espace, lumière du jour, litière et accès extérieur protégé. Se détourner de certaines races entraînerait, compte tenu de l'augmentation de la consommation de volaille en Suisse, davantage d'importations — avec des standards de bien-être inférieurs et un impact climatique plus élevé.

Mais il y a un problème, selon Sibel Konyo, juriste à la fondation Tier im Recht (TIR, réd. fondation pour le droit des animaux):

«Les poulets de chair issus de lignées à croissance rapide bénéficient rarement de plus d'espace, de perchoirs ou d'espaces extérieurs protégés. Ces animaux atteignent en très peu de temps un poids élevé et souffrent de problèmes de santé qui limitent notamment leur mobilité.»

Pour cette raison, il est essentiel que la Suisse abandonne les lignées à croissance rapide et passe à d'autres races. C'est le seul moyen d'améliorer véritablement le bien-être animal.

Migros peut faire mieux

Avec une part de marché de près de 40%, Migros exerce une grande influence sur le secteur alimentaire suisse. L'entreprise se distingue par sa transparence relativement élevée. Pourtant, un potentiel considérable reste à exploiter en matière de bien-être animal, notamment en ce qui concerne le passage à des races à croissance plus lente.

Migros déclare à watson: «Le bien-être des animaux nous tient à cœur, car seuls des animaux en bonne santé permettent de produire des aliments de qualité.» L'entreprise assure que tous les poulets suisses vendus par Migros sont élevés conformément aux exigences du programme SST.

L'analyse de Sentience Politics se fonde sur des informations accessibles au public.
L'analyse de Sentience Politics se fonde sur des informations accessibles au public. graphique: Sentience Politics

Manques de transparence chez Lidl et Aldi

Lidl fait des promesses vagues, mais fournit peu de preuves. Les informations sur les critères centraux de bien-être animal ne sont pas accessibles au public. L'organisation Sentience Politics a contacté l'entreprise pour obtenir davantage de détails. Lidl a indiqué à watson que cette demande était passée inaperçue, mais a annoncé qu'elle fournirait les informations afin de garantir davantage de transparence.

Aldi ferme la marche de cette enquête en raison d'un manque de transparence sur le choix des races et la densité d'occupation. L'entreprise accuse également un retard par rapport à ses filiales européennes en Allemagne, en Espagne et en France, qui ont déjà signé le ECC. Aldi déclare à watson:

«Le bien-être animal nous tient à cœur et nous travaillons en étroite collaboration avec nos fournisseurs. Ceux-ci sont tenus de respecter toutes les exigences légales ainsi que les standards de protection animale convenus contractuellement.»

L'ensemble de l'offre de viande fraîche respecte la norme SST (Systèmes de Stabulation particulièrement respectueux des animaux). «De plus, nous développons continuellement notre offre de volaille biologique afin de proposer à nos clients des alternatives», indique Aldi.

L'entreprise profite toutefois de cette enquête sur le bien-être des poulets de chair pour examiner avec ses fournisseurs les éventuelles pistes d'amélioration.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Et si les animaux avaient les yeux devant?
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Et si les animaux avaient les yeux devant?
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