L'avion de l'ex-monarque Juan Carlos Ier, un jet privé parti d'Abou Dhabi, a atterri peu après 19h à Vigo, en Galice, dans le nord-ouest de l'Espagne. Il a été accueilli à son arrivée par sa fille aînée, l'infante Elena. Il s'est ensuite rendu à Sanxenxo, où il assistera ce week-end à une régate à laquelle participera le «Bribon», voilier avec lequel il a été champion du monde en 2017. Il fera ensuite le déplacement lundi à Madrid pour voir notamment son fils, le roi Felipe VI, et son épouse Letizia, avant de repartir le jour même à Abou Dhabi. L'ancien roi compte désormais «revenir régulièrement en Espagne pour voir sa famille et ses amis».
Si Juan Carlos Iᵉʳ a vu les enquêtes judiciaires le visant être classées en mars, les révélations sur l'origine opaque de sa fortune ont définitivement sapé l'image de cette figure adulée pendant des décennies pour avoir mené la transition démocratique de l'Espagne après la mort du dictateur Franco en 1975.
Selon les médias espagnols, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez était farouchement opposé au fait qu'il puisse être hébergé au palais de la Zarzuela, résidence officielle du souverain, qui est le chef de l'Etat.
Membre de la coalition au pouvoir, le parti de gauche radicale Podemos dénonce sur Twitter:
A droite, le chef du Parti Populaire Alberto Núñez Feijóo a en revanche défendu le «droit de Juan Carlos à revenir en Espagne», alors que la justice a classé ses enquêtes.
L'ex-roi, qui a abdiqué en 2014 sur fond de scandales, avait quitté l'Espagne en août 2020 après des révélations de plus en plus compromettantes sur son train de vie et l'origine opaque de sa fortune. Il avait alors expliqué vouloir «faciliter à Felipe VI l'exercice de ses fonctions devant les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée».
Ne pouvant le poursuivre en raison de l'insuffisance d'indices incriminants, de la prescription des délits et de l'immunité dont il bénéficiait en tant que chef d'Etat jusqu'en 2014, le parquet espagnol avait classé en mars les trois enquêtes le visant pour des soupçons de corruption ou de blanchiment. Il avait, toutefois, mis en avant les irrégularités fiscales dont l'ancien roi s'était rendu coupable et qui l'ont amené à procéder à deux régularisations fiscales pour plus de cinq millions d'euros.
Tentant de redorer le blason de la monarchie espagnole depuis son accession au trône en 2014, Felipe VI a pris ses distances avec son père. Il a ainsi décidé en mars 2020 de renoncer à son héritage et de lui retirer son allocation annuelle de près de 200 000 euros. (sda/ag)