C'est une vision qui fait également frémir les policiers, alertés par des vacanciers: un corps échoué un matin de mars sur la plage de Palma, à Majorque. De cette personne, il ne reste qu'un squelette et quelques lambeaux de peau. Un signe que le corps dérivait depuis des semaines dans la mer.
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— Diario de Mallorca (@diariomallorca) March 18, 2025
Les curieux sont tenus à distance par des rubans blancs et bleus. Des agents de la police judiciaire et un médecin légiste examinent la dépouille, qui gît dans le sable. Le corps est ensuite transporté dans un sac noir. Il doit être examiné de plus près à l'institut médico-légal de Palma.
Les premiers éléments de l'enquête indiquent qu'il s'agit d'un migrant venu du continent africain qui, avec d'autres, a tenté d'atteindre le territoire européen en bateau. Selon les informations de la police, il s'agit déjà du quinzième mort retrouvé depuis janvier sur Majorque et les îles voisines d'Ibiza, Formentera et Minorque.
Ces macabres découvertes se succèdent au fil des semaines. Sur la plage de Can Pastilla, proche de Palma, des promeneurs ont récemment trouvé un membre humain décomposé. Non loin de là, un autre cadavre avait été repêché, à qui il manquait plusieurs membres.
D'autres corps risquent d'échouer sur les côtes dans les semaines à venir, autour de Pâques. A cette période de l'année, plus d'un million de vacanciers sont attendus à Majorque et sur les autres îles baléares, dont près de la moitié en provenance des pays germanophones.
Un porte-parole des services de sécurité a récemment confirmé que «les quinze corps retrouvés pourraient être liés au chavirement d'embarcations de personnes réfugiées». Cela reflète la tragédie humanitaire de la migration qui se déroule en mer, selon Alfonso Rodríguez, représentant du gouvernement espagnol dans les îles.
Depuis 2023, les arrivées de migrants sur les côtes baléares ont explosé. L’an dernier, près de 6000 personnes ont débarqué sur les îles à bord de 350 embarcations de fortune, soit plus du double de l’année précédente. L’archipel est désormais le deuxième point d’entrée le plus fréquenté d’Espagne, après les Canaries.
Les départs se multiplient depuis la côte algérienne, distante d’environ 300 kilomètres. Avec cette augmentation, les drames en mer se font également plus nombreux. Des centaines de personnes auraient perdu la vie dans leur tentative de traversée en 2023, selon plusieurs sources.
Les mois d’hiver sont particulièrement périlleux. Entre janvier et mars 2025, près de 1000 migrants ont déjà atteint les Baléares, malgré les tempêtes et les conditions maritimes difficiles. Plusieurs embarcations portées disparues ont probablement été englouties par la mer avec leurs passagers.
Si Majorque et ses îles voisines font face à un afflux croissant, la tendance à l’échelle européenne semble en baisse. Selon Frontex, le nombre total de migrants traversant la Méditerranée vers l’Europe du Sud a chuté de 27% en 2024. Cette tendance se poursuit en 2025, grâce à une coopération renforcée avec les pays africains d’origine et de transit.
Les réseaux de passeurs adaptent constamment leurs itinéraires pour contourner les contrôles, jouant au chat et à la souris avec les autorités. Si la route des Baléares est aujourd’hui l’une des plus prisées, c'est notamment parce que les migrants qui y arrivent peuvent souvent rejoindre le continent européen après un simple enregistrement administratif.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder