«Au centre-ville, nous ne nous sommes rendu compte de rien» explique Carmen Javaloyes, professeure d'espagnol à Valence. Ce vendredi 1ᵉʳ novembre, dans son quartier El Maritimo, non loin du bord de mer, la tranquillité détonne avec le bruit des sirènes incessantes qui vont en direction des villages environnants. «Je regarde les nouvelles à la télévision en boucle depuis trois jours», lance-t-elle encore choquée.
En effet, mardi soir, lorsque les premières images des villages touchés arrivent sur les réseaux sociaux, la ville de Valence reste «insouciante».
Réduire ses déplacements, ne pas prendre sa voiture, ne pas tenter d'aller la chercher au parking, ce sont en partie les conseils donnés aux habitants lorsque les fortes pluies menacent. Mais dans le cas du mardi 29 octobre, la première alerte officielle lancée par la Generalitat Valenciana (autorité régionale) est arrivée seulement en soirée selon nos témoins.
Impression confirmée par le français Paul Pierroux-Taranto, rédacteur en chef du petit journal.com en Espagne, qui se trouvait au centre-ville et qui a reçu aussi l'alerte en soirée «J'ai regardé par la fenêtre et on avait du soleil», raconte-t-il incrédule. «Nous étions comme dans une bulle, loin de la catastrophe», explique Paul Pierroux-Taranto. Cependant, le drame se jouait déjà dans la commune de Torrent à moins de vingt kilomètres au sud-ouest de la ville de Valence où des pluies diluviennes s'étaient abattues en quelques minutes, rompant les digues et emportant les ponts avec elles. Les communes d'Alfafar et Catarroja, vont, elles aussi, subir des inondations dantesques.
Mardi 29 octobre, vers 18h le ciel valencien n'a donné aucun indice aux pendulaires dont la plupart sont rentrés chez eux en voiture dans les quartiers du sud de Valence, comme La Torre ou la commune de Catarroja. «Le piège s'est refermé sur eux, ils se sont retrouvés bloqués sur les routes», raconte Carmen Javaloyes. Paul Pierroux-Taranto abonde:
L'émotion se lit sur le visage de Carmen Javaloyes lorsqu'elle nous envoie des photos prises par ses proches et ses amies qui vivent dans des localités touchées par les inondations.
«Lorsque le mari de ma sœur a entendu que Catarroja, le village de sa mère était touché et qu'il n'arrivait pas à la joindre, il s'y est rendu en voiture puis à pied», elle poursuit: «A un moment donné, les routes étaient impraticables, alors ils ont décidé de marcher les derniers kilomètres». Arrivés à Catarroja, ils ne peuvent que constater que la maison de ses beaux-parents est «totalement détruite»
Le désastre est inimaginable, d'après Carmen Javaloyes. Au centre-ville de Valence, le métro a été inondé et certains quartiers ont subi une brève coupure d'eau, selon Paul Pierroux-Taranto. Ce vendredi, soit 4 jours après ce déluge historique qui dénombre plus de 200 morts, l'heure est aux questions: «Nous ne savons pas pourquoi l'alerte régionale est arrivée seulement en début de soirée alors que certains villages étaient déjà inondés. Les politiques devront répondre de leurs actes, c'est une tragédie», conclut la professeure d'espagnol avec tristesse et colère.