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Inondations en Espagne: «Il est rare de retrouver des survivants»

VALENCIA, SPAIN - OCTOBER 30: Officials conduct search and rescue operations after a deluge brought up to 200 liters of rain per square meter (50 gallons per square yard) in hours in towns across the  ...
Des opérations de recherche et de sauvetage dans la région de Valence, en Espagne, le 30 octobre 2024. Image: Anadolu

Inondations: «La Suisse n'échappera pas à ces catastrophes naturelles»

Alors que le bilan s'alourdit en Espagne après les violentes inondations qui ont touché le sud-est du pays, les secouristes poursuivent leurs recherches afin de retrouver d'éventuels survivants. Une situation que Jacques Demierre, président du groupe d'interventions et de secours suisse (GIS), connaît bien. Il nous raconte les opérations de sauvetage.
01.11.2024, 18:4601.11.2024, 21:17
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A l'heure actuelle, au moins 205 personnes ont perdu la vie dans les inondations qui ont ravagé le sud-est de l'Espagne. Est-ce que ce bilan vous choque?
Jacques Demierre: C'est énorme. Mais comparé à d'autres phénomènes, comme le séisme en Turquie et en Syrie en 2023 où j'ai pu intervenir – près de 60 000 morts et plus de 100 000 blessés – ce n'est pas beaucoup.

«Ce qui est certain, c’est que l’intensité des précipitations est phénoménale et directement liée au changement climatique»

La polémique enfle en Espagne: le gouvernement régional aurait tardé à avertir la population. L'alerte aurait-elle pu être donnée plus tôt?
Je pense qu'il n'y a pas de bonne solution. Quand les gens sont avisés et qu'il ne se passe rien, les autorités sont critiquées. Et inversement. On maîtrise peu de choses, c'est compliqué de faire des prévisions. Oui, c'était tardif. Est-ce que c'est une erreur? Si les fausses alertes augmentent, elles deviendront un bruit de fond. Dans ce genre de situation, les autorités et services météorologiques font une pesée d'intérêts.

Vous avez déjà vécu ces situations. Comment se déroule l'arrivée des secouristes sur place?
Dès que nous arrivons sur le terrain, il y a un poste de commandement de crise et nous sommes répartis sur différentes zones – la taille couverte dépend des moyens à disposition et de l'ampleur du sinistre. Nous nous organisons ensuite selon le secteur défini.

«Nos objectifs sont la recherche, le sauvetage. Et de tous rester en vie»
Jacques Demierre, président du groupe d'interventions et de secours suisse (GIS).

Nous recevons également des indications de la part des familles et de la population, par exemple sur la localisation des personnes. Mais avant de nous rendre à un endroit, nous évaluons le danger, car notre sécurité passe avant tout. Lors d'inondations, la recherche ne peut pas se faire tant que l'eau coule partout à grande vitesse. Nous devons attendre qu'elle se retire.

«Même s'il faut garder espoir, il est rare de retrouver des survivants, contrairement aux tremblements de terre»

Pourquoi?
Lors d'un tremblement de terre, les personnes peuvent rester coincées sous les décombres ou plusieurs jours dans les sous-sols. Avec l'eau, le danger est que les gens soient piégés dans des caves ou emportés s'ils sont dans un véhicule.

«L'eau arrive vite, d'un coup. Si nous sommes au mauvais endroit, c'est terminé»

Comment se passe «l'après» pour une région qui subit une catastrophe naturelle aussi violente?
Dans le sud-est de l'Espagne, la reconstruction prendra du temps. Quand l'eau se retire, la boue restante est difficile à enlever. Il ne s'agit toutefois que de dommages matériels. Ce sont les dommages psychologiques qui sont réellement difficiles à vivre. Le syndrome du survivant par exemple – «pourquoi j'ai survécu et pas les autres?» – peut être compliqué à gérer. Celles et ceux qui ont perdu des proches se demandent ce qu'ils auraient pu faire différemment.

Des pays comme la Suisse ou l'Espagne sont-ils préparés à faire face à de tels phénomènes météorologiques?
Le problème en Espagne est qu'il n'y a eu que peu de précipitations ces dernières années. Le terrain devient imperméable et quand il y a des pluies exceptionnelles, le résultat est catastrophique.

«De manière générale, les infrastructures des pays occidentaux ne sont pas faites pour encaisser des précipitations pareilles»

En Suisse notamment, les sols de nos villes sont étanches. Il n'y a plus de terre, les tuyaux qui récupèrent l'eau ont été dimensionnés à une époque où de telles pluies à une fréquence aussi rapprochée n'étaient pas envisageables. Des habitations sont construites proches de zones inondables. Il faudrait faire des travaux gigantesques pour remédier à cela. Nous avons donc encore une grande marge de progression.

Dès lors, comment la population peut-elle se protéger en cas de danger naturel?

«Il faut être mieux informé et préparé. Car quoi que nous fassions, nous n'échapperons pas à ces catastrophes naturelles»

En cas d'inondations par exemple, il ne faut pas fuir, même s'il s'agit d'un réflexe archaïque. Il faut prendre de la hauteur, monter dans les étages. Les parkings, les caves, les véhicules sont une mauvaise idée. Il est également recommandé de préparer un sac de survie. Je pense toutefois que si nous n'avons pas vécu ce type de phénomène dans nos tripes, il est difficile de prendre conscience de son ampleur. C'est dommage, car des événements aussi dramatiques vont continuer à se produire. Nous ne sommes qu'au début.

Que faire en cas de catastrophe naturelle?
En Suisse, le site de la Confédération dresse une liste de comportements à adopter avant, pendant et après une catastrophe naturelle. Les recommandations varient selon la nature du sinistre: avalanche, crue, séisme, etc.
Les inondations qui ont frappé l'Espagne
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Les inondations qui ont frappé l'Espagne
A Valence, le 1er novembre.
source: sda / alberto saiz
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Video: watson
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