Les torrents dévastateurs de pluie et de boue ont été suivis par une vague d'indignation. Ce week-end, bien plus de 100 000 personnes ont protesté contre les responsables politiques dans la région de Valence. Il leur est reproché de ne pas avoir averti la population des inondations dans un premier temps et de ne pas avoir envoyé suffisamment d'aide par la suite. «Démission, démission!», criaient les manifestants.
Et: «Pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus?» La colère est surtout dirigée contre le gouvernement conservateur de la région touristique de Valence. Il lui est reproché de n'avoir demandé à la population de ne pas sortir de chez elle que douze heures après le début des pluies diluviennes.
Et lorsqu'ils ont enfin lancé l'alerte, de nombreuses personnes avaient déjà de l'eau jusqu'au cou, de nombreuses localités étaient déjà inondées et des centaines de voitures avaient déjà été englouties par les eaux. Mais on sait désormais pourquoi il a fallu attendre si longtemps avant que les dirigeants politiques ne réagissent le jour de la catastrophe.
La conseillère à la justice et à l'intérieur du gouvernement régional valencien, Salomé Pradas, ne savait même pas qu'il était possible d'envoyer un message d'alerte à tous les citoyens via leurs téléphones portables. Et son chef, le président régional Carlos Mazón, a passé la journée de la catastrophe à un «déjeuner de travail», comme il l'a appelé, qui a duré des heures – et ce avec une jolie journaliste.
Mais pour l'instant, Mazón ne veut pas entendre parler de démission. Le temps est à la reconstruction et à l'aide à la population et non à la politique et à la détermination des responsabilités, a déclaré en substance le chef régional aux médias espagnols.
Le premier ministre social-démocrate espagnol Pedro Sánchez a également reçu sa part de critiques. Notamment parce qu'il n'a pas déclaré l'état d'urgence national face à l'incompétence et à la surcharge évidentes du gouvernement régional valencien. Cela aurait permis au gouvernement espagnol de prendre automatiquement les commandes de la gestion de la catastrophe. Pedro Sánchez a bien envoyé 20 000 soldats et policiers dans la région en tant que secouristes et a promis une aide financière, mais il a laissé la coordination de l'opération au gouvernement régional.
En marge de la manifestation de samedi soir, des affrontements ont eu lieu avec la police lorsque des petits groupes radicaux ont lancé des feux d'artifice et des bouteilles. Le bilan: 31 personnes ont été blessées et quatre ont été arrêtées.
Il y a quelques jours, la zone sinistrée avait déjà été le théâtre de violences lorsque des manifestants avaient jeté des pierres et de la boue sur le roi d'Espagne Felipe et la reine Letizia. Le président régional Carlos Mázon et le premier ministre espagnol Pedro Sánchez ont aussi été pris à partie. Ce dernier a même été frappé avec un bâton. La visite du couple royal et du premier ministre avait alors été interrompue.
Mardi prochain, le roi Felipe se rendra à nouveau dans la région pour s'informer de l'avancement des travaux de déblaiement. Il est notamment prévu qu'il rende visite aux unités militaires qui aident la population dans les plus de 70 localités touchées de la région de Valence.
La reine Letizia, dont le garde du corps avait été blessé lors de sa dernière visite à Valence, ne sera toutefois pas du voyage cette fois-ci. Elle veut plutôt discuter avec des représentants de la Croix-Rouge et d'autres organisations humanitaires à Madrid sur la manière de mieux aider les victimes des inondations.
Au moins 222 personnes ont perdu la vie lors des crues centennales du 29 octobre. Entre-temps, le nombre officiel de disparus a été réduit de 50 à 41.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci