Ce 10 décembre, le jugement est tombé. La justice britannique a annulé, en appel, ce vendredi, le refus d'extrader Julian Assange vers les Etats-Unis. Le fondateur de Wikileaks pourrait donc y être jugé.
L'organisation sans but lucratif avait révélé au grand public des milliers de documents américains secrets, il y a onze ans. Aujourd'hui, son fondateur, accusé d'espionnage par les autorités américaines, risque gros: 175 ans de prison. Mais comment en est-il arrivé là?
WikiLeaks - fondée quatre ans plus tôt par le journaliste australien Julian Assange - publie plus de 700 000 documents américains secrets sur la guerre en Irak et en Afghanistan.
Parmi ceux-ci, une vidéo intitulée Meurtre collatéral (2010) filmant le raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad et un autre sur la guerre d'Afghanistan durant la même période, expose au grand public les crimes de guerre des Etats-Unis et de leurs alliés impliquant notamment le Royaume-Uni.
Ces révélations déclenchent la colère des autorités américaines. Lesquelles lancent une enquête pour «espionnage» contre WikiLeaks.
L'Australien d'origine, Julian Assange, arrive en Suède pour assister à un séminaire dont le sujet est «La guerre et le rôle des médias». Il y rencontre deux sources ; des femmes avec qui il aurait eu, les soirs suivants, des relations sexuelles.
Quelques semaines plus tard, le parquet suédois émet un mandat d'arrêt contre Julian Assange. Ce dernier est accusé de viol et d'agression sexuelle. Le fondateur de Wikileaks clame son innocence et dénonce un prétexte judiciaire pour l'extrader de Suède vers les Etats-Unis qui le recherchent.
Entre 2010 et 2012, Assange est en liberté surveillée au Royaume-Uni en raison du mandat d'arrêt de la justice suédoise. Le lanceur d'alerte demande l'asile à l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède. Lequel pays cherche, selon lui, à le rendre aux autorités américaines.
En août 2012, l'Equateur accorde l'asile au journaliste australien, confirmant que «ses droits humains» peuvent être «violés» s'il est extradé. Il faudra attendre trois ans, notamment après des alertes faites par un panel de l'Organisation des Nations Unies (ONU), pour qu'entre 2015 et 2016, les procureurs suédois abandonnent leur enquête.
Rien ne va plus du côté de l'Equateur qui dispose d'un nouveau président, Lenin Moreno. Son gouvernement, en place depuis un an, indique n'avoir «jamais été favorable» aux activités de WikiLeaks. Dès lors:
La police britannique arrête Julian Assange. Il est reproché à ce dernier de ne pas s'être rendu au tribunal sept ans plus tôt. Le lanceur d'alerte est condamné à 50 semaines de prison après avoir été reconnu coupable d'avoir enfreint la loi sur la libération sous caution.
Un mois plus tard, la Suède rouvre son enquête de 2010 concernant l'allégation de viol faite sur l'une des deux femmes qu'Assange a rencontrées en 2010. Julian Assange risque cinq ans d'emprisonnement.
Le ministère américain de la justice dépose 17 nouvelles charges contre l'Australien. Il l'accuse d'avoir violé la loi sur l'espionnage en publiant des documents militaires et diplomatiques classifiés. Julian Assange risque jusqu'à 175 ans d'emprisonnement.
Pour l'organisation WikiLeaks, cette annonce est une «folie» et la «fin du journalisme de sécurité nationale ainsi qu'un non-respect du premier amendement», déclare-t-elle dans un communiqué. Plusieurs manifestations sont organisées dans le monde en soutien à Julian Assange, en vertu de la liberté d'expression et du droit à l'information journalistique.
(bbc)