La Genève humanitaire se mobilise pour libérer Julian Assange
Depuis 2010, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, vit sous la menace d'une extradition aux Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison. Pourquoi? Car son site a diffusé, à l'échelle internationale, des documents attestant des bavures et des crimes infligés par l'armée américaine, engagée dans ses guerres d'Irak et d'Afghanistan.
Aujourd'hui, à Genève, une dizaine de personnalités, dont le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Nils Melzer, et la maire de la ville, Frédérique Perler, lancent l'«Appel de Genève pour libérer Assange». Mais pourquoi donc?
L'élément déclencheur
En 2010, Wikileaks diffuse plus de 700 000 documents classifiés. Le plus retentissant, intitulé Collateral murder («meurtre collatéral»), montre un hélicoptère de l'armée américaine en train d'ouvrir le feu sur des civils à Bagdad. Cette bavure avait fait au moins 18 morts, dont deux enfants et deux reporters de l'agence Reuters.
Les 11 dernières années d'Assange
Après la diffusion de ces bavures, la vie de Assange a été plutôt mouvementée:
- En 2010, les autorités américaines chassent Assange.
- Entre 2010 et 2012, il est en liberté surveillée au Royaume-Uni, en raison d'un mandat d'arrêt de la Suède. Il y est poursuivi pour délit sexuel (l'affaire sera close en novembre 2019).
- En mai 2012, la Cour suprême du Royaume-Uni rejette son ultime demande à ne pas être extradé vers la Suède.
- Le 19 juin 2012, Julian Assange se réfugie dans l’Ambassade d'Équateur à Londres. Il y restera 7 ans et obtiendra même la naturalisation.
- Le 11 avril 2019, le président équatorien le déchoit de sa nationalité et annule son droit d'asile. Assange est arrêté par la police britannique.
- Le 1er mai 2019, il est condamné à cinquante semaines de prison, au Royaume-Uni, pour violation des conditions de sa liberté provisoire en 2012.
- Le 23 mai 2019, les États-Unis inculpent Julian Assange pour « espionnage », il encourt jusqu’à 175 ans de prison.
- Le 4 janvier 2021, la justice britannique refuse la demande d'extradition de Julian Assange vers les États-Unis. La même cour refuse sa libération sous caution le 6 janvier.
Assange aujourd'hui
«L'état de santé de Julian Assange s'est sérieusement détérioré», assurent les instigateurs de l'Appel de Genève pour libérer Julian Assange sur leur site. Selon Nils Melzer, les conditions d'emprisonnement du créateur de WikiLeaks constituent:
Les accusations portées contre cet Australien de 49 ans constituent une grave atteinte à la liberté de la presse, estiment les organisateurs de l'événement. L'Appel de Genève, qui comprend six demandes, sera rendu public et ouvert à la signature le 4 juin ici.
Pourquoi choisir Genève?
Les lanceurs de cet Appel n'ont pas choisi la ville au hasard:
Une statue pour Assange, Manning et Snowden
Installée sur le quai des Pâquis, face au Jet d'eau de Genève, la sculpture de Davide Dormino «AnythingToSay?» («quelque chose à dire?»), représentant les lanceurs d'alerte Edward Snowden, Chelsea Manning et justement Julian Assange, sera officiellement inaugurée ce samedi 5 juin.
L'Association des usagers des Bains des Pâquis, initiatrice et organisatrice de l'événement, présentera également une exposition sur les lanceurs d'alerte.
