Comme presque partout en Europe, le chaos politique régnait en Italie après la Première Guerre mondiale. Un homme en a profité. En octobre 1922, Benito Mussolini a envahi Rome à la tête de ses chemises noires et a exercé une telle pression sur les parlementaires bourgeois qu'ils l'ont nommé premier ministre. Plus tard, il suspendit la démocratie et régna en dictateur fasciste jusqu'à sa chute en 1943.
Apparemment, Donald Trump nourrissait lui aussi des projets de coup d'Etat similaires. Telle est la conclusion de l'audition la plus spectaculaire à ce jour de la commission chargée de faire la lumière sur les événements du 6 janvier 2021.
Mardi dernier, le témoin clé Cassidy Hutchinson a été très clair sur deux points: Trump savait que la foule était armée et il voulait forcer les portes du Congrès à sa tête. L'ancien président pensait probablement que les parlementaires effrayés le maintiendraient en place – et non Joe Biden, qui a été légitimement élu.
Aussi absurde que cela puisse paraître, cette thèse est désormais étayée par de nombreuses preuves. Ni Trump, ni même ses partisans dans les médias conservateurs, ne parviennent à réfuter ces dernières. Fox News et compagnie tentent par tous les moyens de discréditer le témoignage de Cassidy Hutchinson et de dénigrer ses déclarations en les qualifiant de fake news.
Le camp Trump s'appuie sur deux agents de sécurité anonymes qui affirment que l'ex-président n'a pas essayé de prendre le volant du véhicule et qu'il est retourné à la Maison-Blanche après son discours historique. C'est possible. Mais ce qui est beaucoup plus important, c'est que la thèse selon laquelle Donald Trump a fait pression pour accompagner la foule jusqu'au Capitole, n'est pas contestée.
Information encore plus explosive: l'ex-président était également conscient que cette foule était armée. En effet, l'ancien président a dit à son service de sécurité:
Tout en demandant d'enlever les détecteurs de métaux utilisés à chaque apparition publique du président.
A la Maison-Blanche, on savait que Donald Trump commettrait ainsi un délit. C'est pourquoi l'avocat Pat Cipollone avait auparavant imploré Cassidy Hutchinson:
Il n'est donc pas étonnant que la commission ait décidé de convoquer Pat Cipollone comme témoin. Celui-ci avait certes déjà témoigné devant la commission, mais de manière informelle et non sous serment. Désormais, il n'est plus protégé par le secret professionnel. «Toutes les préoccupations que Pat Cipollone a exprimées concernant les prérogatives institutionnelles ont montré la nécessité de son témoignage», ont déclaré Bennie Thomson, président de la commission, et sa vice-présidente Liz Cheney.
Mark Meadows, le dernier chef de cabinet de Trump, subit aussi une pression de plus en plus forte. Cassidy Hutchinson était son bras droit. En tant que témoin principal, elle a déclaré avoir entendu Pat Cipollone dire à Mark Meadows pendant l'assaut du Capitole:
Mark Meadows a certes remis des milliers de documents à la commission, mais il a, toutefois, refusé de témoigner. C'est pourquoi la Chambre des représentants a demandé au ministère de la Justice de l'inculper au même titre que l'ancien stratège en chef Steve Bannon et l'ancien conseiller économique Peter Navarro.
Les choses se compliquent, toutefois, pour Mark Meadows lorsque Cassidy Hutchinson a également déclaré que le chef d'état-major avait envisagé de se rendre à l'hôtel Willard, tout proche, la veille du 6 janvier. C'est là que le noyau dur des conspirateurs – Rudy Giuliani, Steve Bannon, Michael Flynn, Roger Stone – avait installé sa «War Room». La prochaine audience, présidée par Jamie Raskin, traitera exactement de ce qui s'est passé dans cet hôtel et découvrir s'il y a eu coopération avec les deux milices Proud Boys et Oath Keepers.
Entre-temps, la question n'est plus de savoir si, mais quand le ministre de la Justice Merrick Garland ouvrira une enquête pénale contre Trump. En fait, il ne peut plus faire autrement. Les preuves sont trop accablantes, la pression de l'opinion publique trop forte.
Les craintes qu'une telle procédure ne renforce encore les tensions et fractures aux Etats-Unis sont justifiées. Mais elles ne compensent pas le fait que Trump est très probablement coupable de plusieurs infractions, notamment de fraude envers les Etats-Unis et d'obstruction à la justice. Une inculpation pour «sédition conspirationniste» est même devenue envisageable.
Personne ne le sait mieux que Liz Cheney. Hier, lors d'un discours à la Ronald Reagan Presidential Library en Californie, elle a une fois de plus déclaré:
Liz Cheney a reçu, pour ce discours, une standing ovation – de la part d'un public très conservateur.
(traduit et adapté de l'allemand par cru)