6 janvier 2021: Lors de son discours, qui restera dans les annales, Donald Trump promet à ses partisans qu'il marcherait avec eux jusqu'au Capitole. Une phrase choc accueillie par les détracteurs du millionnaire comme l'un de ses mensonges habituels. Et pourtant, il le pensait vraiment!
C'est Cassidy Hutchinson qui le dit. La jeune femme, employée à l'époque au sein de l'administration Trump, était présente au moment des faits. Mardi, elle a fait sensation en devenant un témoin surprise de l'audition tenue par la commission en charge d'enquêter sur ce qu'il s'est réellement passé il y a plus d'une année à Washington.
Plus surprenant encore, l'ancienne collaboratrice de la Maison Blanche a décrit une scène pendant laquelle l'ex-président a essayé, en vain, de prendre le volant d'un SUV utilisé par un membre des services secrets américains. Toujours selon elle, lorsque ce dernier a refusé de conduire le 45e président des Etats-Unis en direction du Capitole, Donald Trump lui aurait même saisi le cou en criant :
Qu'aurait fait l'ex-président si l'agent de sécurité s'était plié à ses ordres? Il est peu probable qu'il aurait cassé des vitres avec la foule et attaqué des policiers avec des drapeaux. Mais qu'aurait-il pu faire d'autre? Tenir un discours incendiaire devant le Congrès réuni? On ne le saura jamais.
La jeune femme, âgée à l'époque de 25 ans, a également raconté que Rudy Giuliani, l'un des plus proches collaborateurs de Donald Trump, lui avait déjà annoncé quelques jours avant l'assaut qu'un tel projet était en préparation.
Ce qui est en revanche une certitude, c'est que si l'ex-président s'était présenté devant le Capitole le 6 janvier 2021, sous quelque forme que ce soit, il ne serait plus aujourd'hui dans sa villa en Floride, mais... en prison:
Pat Cipollone Hutchinson était l'avocat de la Maison-Blanche et sa tâche principale consistait à assurer les arrières du président sur le plan juridique.
Trump ne voulait pas seulement prendre d'assaut le Capitole, il a également demandé à ses agents de sécurité de renoncer aux détecteurs de métaux. Afin de prévenir un éventuel attentat, ces machines sont utilisées de manière routinière à chaque apparition publique du président.
De nombreux partisans de Trump étaient armés le 6 janvier. C'est la raison pour laquelle l'accès leur a été refusé. Cela a mis Trump en colère:
Le comportement de Trump, le 6 janvier, n'a pas seulement inquiété l'avocat de la Maison-Blanche. Son cabinet s'est également inquiété de sa santé mentale et a sérieusement envisagé d'invoquer le 25ᵉ amendement de la Constitution. Cet amendement permet de destituer le président s'il n'est plus physiquement ou mentalement en mesure d'exercer ses fonctions.
Les signes ne manquaient pas. Ainsi, Hutchinson a également décrit comment Trump, lors d'une de ses légendaires crises de rage, a jeté sa nourriture contre le mur de la salle à manger située à côté du bureau ovale. Pas vraiment le comportement d'un «génie stable», comme l'ex-président s'est lui-même décrit autrefois.
En association avec Fox News, les Républicains font tout pour discréditer Cassidy Hutchinson. Et Trump a personnellement réagi, en ne mâchant pas ses mots, comme à son habitude: il a fait savoir qu'il connaissait à peine cette personne et que ce qu'elle avait déclaré n'était que des fake news. En complément, deux agents de sécurité anonymes sont cités, qui seraient prêts à jurer sous serment que l'ex-président n'a jamais tenté de mettre la main sur le volant du conducteur.
Le camp Trump a, toutefois, un problème. Le témoignage de cette jeune femme de 26 ans semble crédible. Les crises de colère de l'ex-président ont également été décrites par plusieurs autres anciens collaborateurs dans leurs livres. De plus, Hutchinson a fait ses déclarations sous serment, et le parjure est également sévèrement puni aux Etats-Unis. Son ancien patron, le chef de cabinet Mike Meadows, a cependant refusé de témoigner devant la commission.
Plusieurs photos et un croquis de la West wing – l'aile de la Maison-Blanche où travaillent le président et son équipe – ont également permis de montrer que Hutchinson travaillait effectivement à proximité immédiate du président.
Les témoignages de Cassidy Hutchinson ont permis à Trump de faire un pas significatif vers une inculpation par le ministère de la Justice. Cependant, ils peuvent également conduire à ce que le culte autour de sa personne se fissure lentement. Même sur le site d'opinion du Wall street journal, proche de Trump, des inquiétudes se font jour. «La commission est certainement partiale», peut-on lire dans un commentaire sur l'audition d'hier.
Ah oui et il y a Rudy Giuliani, encore lui. L'ancien avocat de Trump n'a certes pas été poignardé dans le dos de manière sournoise comme le week-end dernier. Mais il se trouve dans des difficultés juridiques de plus en plus grandes.
Il est le personnage central d'une procédure pénale en cours dans l'Etat de Géorgie. Une procureure y enquête sur la manière dont Trump et les siens ont tenté de renverser le résultat des élections en leur faveur après coup. Pour Giuliani, les choses se présentent très mal.
Traduit de l'allemand par jch