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Les manoeuvres de Donald Trump pour renverser l'élection présidentielle

Les manœuvres de Donald Trump pour renverser l'élection présidentielle

Former President Donald Trump speaks at the Faith and Freedom Coalition
L'ancien président Donald Trump à Nashville, le 17 juin 2022.Image: sda
Pressions, intimidations, menaces... Plusieurs témoins ont raconté mardi les méthodes de Donald Trump et de ses avocats pour les convaincre de renverser le résultat de la présidentielle américaine.
22.06.2022, 07:3322.06.2022, 11:09
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Rusty Bower était formel, mardi, lors de la quatrième audience de la commission d'enquête de l'assaut du Capitole. Pour le patron des élus républicains d'Arizona, les affirmations de Trump sur sa victoire dans cet Etat étaient «fausses». Fermement convaincu que l'élection lui avait été «volée», Trump n'en a jamais apporté la preuve et ses accusations de fraudes ont été balayées par les tribunaux. Mais il n'a pas baissé les bras.

«Quiconque dirait, n'importe où et n'importe quand, que j'ai dit que l'élection était truquée, ce ne serait pas vrai», a affirmé pour sa part Rusty Bower mardi. Il a ajouté que les allégations fumeuses de Rudy Giuliani, l'avocat de Trump, selon lesquelles des «centaines de milliers d'immigrants illégaux et de milliers de morts avaient voté» pour Joe Biden, étaient fausses.

Malgré plusieurs demandes, Rusty Bower a dit n'avoir «jamais» vu les preuves de ces allégations. Il a raconté une conversation avec l'ancien maire de New York: «Rudy a dit: ''Nous avons beaucoup de théories, nous n'avons pas de preuves''.»

Après l'élection, Rusty Bowers a refusé de convoquer l'assemblée locale pour invalider le scrutin, puis de remplacer les grands électeurs élus, chargés de certifier le résultat du vote, par des partisans de Trump. (On vous rappelle que dans le système électoral américain, ce sont ces grands électeurs qui désignent le vainqueur de l'élection dans leurs Etats).

Pressions et pluie d'e-mails

Du coup, le patron des élus républicains d'Arizona a été inondé de «plus de 20 000 e-mails et des dizaines de milliers d'appels téléphoniques et de textos». Et ce n'est pas tout: des manifestants, parfois menaçants, se sont rassemblés devant son domicile pour l'insulter, a-t-il raconté, les larmes aux yeux.

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Rusty Bowers lors de son audition, le 21 juin 2022.Image: sda

De son côté, l'équipe juridique de Trump a poursuivi son plan. Des partisans du milliardaire, choisis comme des grands électeurs parallèles dans les Etats-clés remportés par Joe Biden, avaient renversé le résultat du scrutin au moyen de fausses attestations. Cependant, le vice-président Mike Pence, qui présidait le vote, avait résisté aux pressions de la Maison Blanche pour déclarer Donald Trump vainqueur.

«J'ai juste pensé que c'était une parodie tragique», a commenté Rusty Bowers, qui avait voté pour le milliardaire en 2016 et le soutenait en 2020.

Faux bulletins

De son côté, Brad Raffensperger, le secrétaire d'Etat de Géorgie, avait pour sa part reçu un appel téléphonique de Donald Trump lors duquel le président lui avait demandé de «trouver» près de 12 000 bulletins de vote à son nom, suffisant pour battre Joe Biden dans cet Etat du Sud contrôlé par les républicains. Il avait là encore évoqué des fraudes électorales et des bourrages d'urnes, des accusations rejetées par les tribunaux.

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Brad Raffensperger, le 21 juin 2022.Image: sda

Mais Brad Raffensperger n'avait pas cédé. «Les chiffres sont les chiffres et nous ne pouvions pas recompter (les votes) parce que nous nous étions assurés d'avoir vérifié chaque allégation», a-t-il dit mardi devant la commission.

«Il n'y avait aucun bulletin à trouver, le compte était exact et il a été certifié»
Brad Raffensperger, secrétaire d'Etat de Géorgie

Il a également été la cible de harcèlement et de menaces.

Messages racistes et menaces de mort

C'est aussi le cas de Shaye Moss, simple agente électorale d'Atlanta qui avait participé au dépouillement des bulletins le soir de l'élection avec sa mère. Donald Trump les avait accusés nommément d'être des «arnaqueuses professionnelles». «Cela a bouleversé ma vie», a-t-elle dit mardi, racontant avoir reçu des messages racistes et des menaces de mort.

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Image: sda

Donald Trump, qui n'a jamais concédé sa défaite à la présidentielle, a dénoncé mardi sur les réseaux sociaux des «voyous politiques qui ont criminalisé la justice à un niveau jamais vu auparavant dans notre pays». (mbr/ats)

Cinquième audition prévue jeudi
Depuis plus d'un an, la commission d'enquête – formée de sept démocrates et deux républicains – a entendu plus de 1000 témoins, dont deux enfants de l'ancien président, pour faire la lumière sur les faits et gestes de Donald Trump avant, pendant et après l'attaque du 6 janvier. La cinquième audition de la commission aura lieu jeudi, et se penchera sur les efforts du président pour faire pression sur le ministère de la Justice afin de rester au pouvoir.
L'assaut du Capitole en images
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L'assaut du Capitole en images
Des manifestants pro-Trump occupent les terrains de la partie ouest du Capitole.
source: epa / michael reynolds
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