Rusty Bower était formel, mardi, lors de la quatrième audience de la commission d'enquête de l'assaut du Capitole. Pour le patron des élus républicains d'Arizona, les affirmations de Trump sur sa victoire dans cet Etat étaient «fausses». Fermement convaincu que l'élection lui avait été «volée», Trump n'en a jamais apporté la preuve et ses accusations de fraudes ont été balayées par les tribunaux. Mais il n'a pas baissé les bras.
«Quiconque dirait, n'importe où et n'importe quand, que j'ai dit que l'élection était truquée, ce ne serait pas vrai», a affirmé pour sa part Rusty Bower mardi. Il a ajouté que les allégations fumeuses de Rudy Giuliani, l'avocat de Trump, selon lesquelles des «centaines de milliers d'immigrants illégaux et de milliers de morts avaient voté» pour Joe Biden, étaient fausses.
Malgré plusieurs demandes, Rusty Bower a dit n'avoir «jamais» vu les preuves de ces allégations. Il a raconté une conversation avec l'ancien maire de New York: «Rudy a dit: ''Nous avons beaucoup de théories, nous n'avons pas de preuves''.»
Après l'élection, Rusty Bowers a refusé de convoquer l'assemblée locale pour invalider le scrutin, puis de remplacer les grands électeurs élus, chargés de certifier le résultat du vote, par des partisans de Trump. (On vous rappelle que dans le système électoral américain, ce sont ces grands électeurs qui désignent le vainqueur de l'élection dans leurs Etats).
Du coup, le patron des élus républicains d'Arizona a été inondé de «plus de 20 000 e-mails et des dizaines de milliers d'appels téléphoniques et de textos». Et ce n'est pas tout: des manifestants, parfois menaçants, se sont rassemblés devant son domicile pour l'insulter, a-t-il raconté, les larmes aux yeux.
De son côté, l'équipe juridique de Trump a poursuivi son plan. Des partisans du milliardaire, choisis comme des grands électeurs parallèles dans les Etats-clés remportés par Joe Biden, avaient renversé le résultat du scrutin au moyen de fausses attestations. Cependant, le vice-président Mike Pence, qui présidait le vote, avait résisté aux pressions de la Maison Blanche pour déclarer Donald Trump vainqueur.
«J'ai juste pensé que c'était une parodie tragique», a commenté Rusty Bowers, qui avait voté pour le milliardaire en 2016 et le soutenait en 2020.
De son côté, Brad Raffensperger, le secrétaire d'Etat de Géorgie, avait pour sa part reçu un appel téléphonique de Donald Trump lors duquel le président lui avait demandé de «trouver» près de 12 000 bulletins de vote à son nom, suffisant pour battre Joe Biden dans cet Etat du Sud contrôlé par les républicains. Il avait là encore évoqué des fraudes électorales et des bourrages d'urnes, des accusations rejetées par les tribunaux.
Mais Brad Raffensperger n'avait pas cédé. «Les chiffres sont les chiffres et nous ne pouvions pas recompter (les votes) parce que nous nous étions assurés d'avoir vérifié chaque allégation», a-t-il dit mardi devant la commission.
Il a également été la cible de harcèlement et de menaces.
C'est aussi le cas de Shaye Moss, simple agente électorale d'Atlanta qui avait participé au dépouillement des bulletins le soir de l'élection avec sa mère. Donald Trump les avait accusés nommément d'être des «arnaqueuses professionnelles». «Cela a bouleversé ma vie», a-t-elle dit mardi, racontant avoir reçu des messages racistes et des menaces de mort.
Donald Trump, qui n'a jamais concédé sa défaite à la présidentielle, a dénoncé mardi sur les réseaux sociaux des «voyous politiques qui ont criminalisé la justice à un niveau jamais vu auparavant dans notre pays». (mbr/ats)