Un pion a fini par tomber dans le scandale du «Signalgate». Mike Waltz quitte ses fonctions pour investir un placard que Donald Trump lui a dégoté dans la nuit. L’ex-conseiller à la sécurité nationale, embourbé dans l’affaire du groupe chat qui a secoué Washington de longues semaines, va atterrir en qualité d’ambassadeur américain auprès de l’ONU.
Comme une énième savate sur un tibia déjà fragile, le président a tenu à préciser ce que l’on savait déjà, à savoir que cette mutation «n’est pas une promotion».
Des proches de Trump se sont également empressés d’affirmer à The Atlantic que Waltz, au-delà du «Signalgate», n’était de toute façon «pas assez MAGA» pour tenir sur la durée. C’est d’ailleurs le premier haut responsable à quitter violemment le navire. Pour le remplacer? Marc Rubio, «au minimum en intérim», a rajouté le président, confirmant la confiance tentaculaire qu’il accorde à celui qui est déjà secrétaire d’Etat de son cabinet. Le New York Times, un poil taquin, a écrit cette nuit que l’ancien sénateur de Floride est désormais «secrétaire de tout».
Concrètement, le voilà désormais à la barre de quatre organismes gouvernementaux... que voici:
Quatre casquettes, une confiance en béton accordée par Donald Trump et un record qui ne passe pas inaperçu. De mémoire de journalistes américains, personne n’avait simultanément cumulé autant de responsabilités gouvernementales. Il vient de dépasser Henry Kissinger qui, entre 1973 et 1975, s’était dédoublé en gérant les postes de secrétaire d'État et de conseiller à la sécurité nationale.
«Un échec», analyse notamment le New York Times, qui est allé jusqu’à lorgner le cahier des charges de Xi Jinping (trois titres officiels) pour bien appuyer le fait que le défi du Floridien à quatre têtes est à la fois inédit et gigantesque.
Belle évolution pour cet ancien adversaire de Trump durant les primaires républicaines de 2016. Comme à son habitude, l'actuel 47e président des Etats-Unis s’en était pris à Marco Rubio lors d’un débat. Il l’avait traité de «poids plume», de «petit Marco», et de «robot» en référence aux punchlines qu’il répétait en boucle.
A cette époque, une majorité de médias américains voyait en Marco Rubio l’avenir du parti républicain, avant que le bulldozer populiste de Mar-a-Lago ne vienne écraser ses chances de victoire. En 2013 déjà, Time l’avait hissé en couverture de son magazine en faisant de lui le «sauveur républicain». Lorsque Donald Trump a remporté les primaires, Rubio avait déjà bien cerné le milliardaire:
Pro-vie, pro-Israël, opposé au mariage homosexuel, grand défenseur du second amendement et plus ou moins climatosceptique, Marco Rubio, né à Miami, est issu de l’exode cubain. Ses parents ont atterri en Floride en 1956 et son éducation trempe depuis ses plus jeunes années dans la foi. L’ancien sénateur a parcouru un long chemin avant d’incarner, pour les beaux yeux de Trump, l’un des chefs de la diplomatie les plus puissants de l’histoire des Etats-Unis.
Surtout qu’au Sénat, il fut «l'un des plus fervents défenseurs de l'Ukraine contre l'invasion russe», rappelle The Guardian. Une position qu’il a dû abandonner pour pouvoir graviter au cœur du pouvoir MAGA. Lorsque Volodymyr Zelensky s’était fait violemment intimider dans le Bureau ovale par le président et JD Vance, l’attitude de Rubio avait marqué les esprits. Tête baissée, visage fermé, enfoncé dans le canapé, on aurait dit qu’il partageait le cauchemar du chef de guerre ukrainien.
Si les couloirs insonorisés de Washington se demandent bien comment un seul homme pourra mener quatre tâches majeures à bien, le New York Times se posait d’autres questions cette nuit: «Marco Rubio bénéficiera-t-il d’une augmentation de salaire? Aura-t-il le temps de parcourir le monde pour mener des missions diplomatiques? Comment déléguera-t-il ses fonctions?». Charrié sur les réseaux sociaux, le superdiplomate peut au moins compter sur le soutien (et l’humour) du vice-président JD Vance, qui s’est empressé d’invoquer la succession du pape François:
I think he could take on a bit more.
— JD Vance (@JDVance) May 1, 2025
If only there was a job opening for a devout Catholic… https://t.co/CbOZNZ1e5o
Reste désormais à savoir si l’influence actuelle du «petit Marco» dans l’écosystème MAGA, connu pour détrôner ses meilleurs atouts en une seule nuit, est faite pour durer.