Jamie Raskin est professeur de droit constitutionnel et l'un des principaux élus démocrates. Il a ainsi dirigé la deuxième procédure d'impeachment contre Donald Trump. Il est également membre de la commission chargée de faire la lumière sur les événements du 6 janvier.
Actuellement, le Congrès américain est de nouveau en session et l'élu démocrate a fait une déclaration remarquable lors des auditions attendues en juin en annonçant que:
On s'attend donc à des révélations spectaculaires, après le millier d'entretiens avec des témoins effectués par la commission.
Ce qu'on peut déjà retenir de cette enquête, c'est que la prise du Capitole n'était, en aucun cas, une manifestation qui a dégénéré, comme les médias conservateurs veulent le faire croire. Il s'agissait plutôt du point culminant d'un coup d'Etat planifié, et celui-ci n'a pu être évité qu'à la dernière minute. Mais reprenons les choses dans l'ordre.
Lorsque la défaite électorale de Trump a été confirmée, ce sont d'abord ses avocats qui sont entrés en action. Ils ont inondé les tribunaux des «Swing states» de plaintes pour fraude électorale présumée. Plus de 60 plaintes de ce type ont été déposées et, à une exception près, toutes ont été rejetées, en partie par des juges nommés par Trump.
Ainsi, lorsque le camp Trump s'est rendu compte qu'il n'avait aucune chance de gagner au tribunal – et après quelques apparitions embarrassantes de Rudy Giuliani, l'avocat de Trump –, une deuxième ligne de défense a été mise en place. Dans les «swing states» du Michigan, de la Pennsylvanie, du Wisconsin, de l'Arizona et de la Géorgie, les républicains ont établi des listes alternatives d'électeurs et les ont également soumises aux services compétents à Washington. Tous les électeurs qui y figurent auraient bien entendu voté pour Trump, aidant ainsi l'ex-président à obtenir un second mandat.
Dans le même temps, un juriste constitutionnel conservateur douteux du nom de John Eastman bricolait une prétendue justification pour que le vice-président, Mike Pence, puisse refuser de certifier les votes légitimes des électeurs et reconnaître à la place les duplicatas illégaux des républicains. Après mûre réflexion et consultation d'experts constitutionnels, Mike Pence a, toutefois, refusé et l'a fait savoir à Trump de manière très claire la veille du 6 janvier.
L'équipe de Trump a alors déclenché la dernière étape, l'assaut du Capitole. La foule avait été convoquée à Washington comme prévu. Trump a ensuite prononcé le discours dans lequel il appelait à manifester devant le vénérable bâtiment. La foule a donc finalement été dirigée vers le Capitole, qui ne se trouve pas du tout au coin de la rue, soit dit en passant: il est situé à environ trois kilomètres du lieu de la manifestation.
La foule de Trump était bien organisée. Des représentants de groupes d'extrême droite comme les Proud Boys ou les Oath Keepers ont apporté des sprays anti-ours (la version maousse des sprays au poivre), des cordes et même des menottes en nylon. D'autres ont érigé une potence symbolique à laquelle le vice-président Mike Pence aurait dû être pendu. Rappelons que durant l'assaut, ce dernier a été contraint, comme les autres députés et sénateurs, de se réfugier dans des abris.
Les manifestations et l'assaut du capitole avaient, entre autres, pour but d'inciter le vice-président à prendre la fuite. En effet, il y a même eu des spéculations selon lesquelles Mike Pence aurait dû être kidnappé par le service de sécurité de Trump et emmené dans une base militaire en Alaska. Trump aurait alors déclaré l'état d'urgence et convoqué la garde nationale. Sous la protection de ces troupes, les faux électeurs l'auraient ensuite confirmé pour un second mandat. Cependant, tout ne s'est pas passé comme prévu, Mike Pence a refusé de monter dans la voiture de la sécurité qui l'attendait.
Bien que la théorie de l'enlèvement soit encore spéculative, le député démocrate Jamie Raskin laisse entendre qu'elle pourrait être plausible. En effet, le député qualifie le refus de Mike Pence de «six mots les plus effrayants que j'ai vus jusqu'à présent dans cette affaire» et ajoute:
Deux reporters du New York Times, Alexander Burns et Jonathan Martin, sont également en possession de nombreuses bandes sonores sur lesquelles sont enregistrées les conversations téléphoniques de la direction du Grand Old Party vers le 6 janvier. Elles montrent que l'administration du parti républicain en avait assez de Trump et de ses partisans militants au Congrès.
Sur ces enregistrements, on peut entendre Kevin McCarthy, le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, déclarer qu'il va maintenant demander à Trump de démissionner. Dans le même temps, il fera tout son possible pour tenir en laisse les têtes brûlées comme Matt Gaetz, Rick Scott et Mo Brooks. «Le pays est trop fou en ce moment», l'entend-on dire.
Entre-temps, le député McCarthy a revu son discours et semble s'être rabiboché avec Donald Trump. Reste à savoir si la paix civile au sein des républicains va durer. Peut-être que Jamie Raskin aura raison et que le toit du Capitole explosera.