Le ton monte entre Washington et Pékin. Le régime chinois menace depuis plusieurs jours de «conséquences» si la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, mène à bien son projet de visite à Taïwan.
«J'espère que la partie américaine comprend parfaitement cela», a ajouté Xi Jinping, cité par l'agence Chine nouvelle. Selon cette agence d'Etat, «les deux présidents ont estimé que leur entretien téléphonique avait été sincère et approfondi».
De son côté, le président américain Joe Biden a souligné que la position des Etats-Unis sur Taïwan n'avait «pas changé», a fait savoir la Maison-Blanche.
Pékin menace d'annexer l'île de Taïwan — et son régime démocratique —, qu'elle considère comme une partie de son territoire à reprendre, par la force si nécessaire, depuis la fin de la guerre civile chinoise, en 1949.
L'entretien téléphonique, cinquième sommet virtuel entre les deux responsables depuis que Joe Biden est devenu président il y a un an et demi, a commencé à 8h33 heure locale (14h33 en Suisse) et a duré plus de deux heures.
Pékin et Washington étaient déjà en conflit sur des raisons de commerce international. Les deux puissances mondiales s'opposent maintenant à cause de Taïwan.
Opposé à toute initiative qui donnerait aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres Etats, et donc contre la potentielle visite de Nancy Pelosi.
Bien que des responsables américains se rendent fréquemment à Taïwan, Pékin considère qu'un voyage de Nancy Pelosi, l'une des plus hautes personnalités de l'Etat américain, serait une provocation majeure.
Les tensions autour de ce voyage ne sont qu'une partie du problème. Les responsables américains craignent que le président Xi Jinping ne soit en train de réfléchir à l'usage de la force pour imposer son contrôle à Taïwan.
Autrefois considérée comme improbable, une invasion, ou une autre forme d'action militaire, est de plus en plus considérée par les observateurs comme possible. La récente invasion de l'Ukraine par l'armée russe n'y serait pas étrangère, les autorités chinoises estimant que les forces armées occidentales craignent trop d'entrer en guerre avec une puissance étrangère.
Les déclarations contradictoires de Joe Biden sur Taïwan n'ont pas aidé. Le président américain a déclaré en mai que les Etats-Unis seraient disposés à défendre l'île, avant que la Maison-Blanche n'insiste sur le fait que la politique d'«ambiguïté stratégique» n'avait pas changé.
Bien que le président américain se targue d'une relation étroite avec Xi Jinping, les deux hommes ne se sont pas encore vus en personne depuis qu'il a pris ses fonctions, en grande partie à cause des restrictions liées au Covid-19.
Selon la Maison-Blanche, le principal objectif de Joe Biden était d'établir des «garde-fous» pour les deux superpuissances, afin d'éviter un conflit ouvert en dépit de leurs différends et de leur rivalité géopolitique.
Interrogé sur une éventuelle levée par Joe Biden de certains des droits de douane de 25% imposés sur des milliards de dollars de produits chinois par l'ex-président Donald Trump, le porte-parole avait indiqué qu'aucune décision n'avait été prise.
«Nous pensons que les tarifs douaniers mis en place par son prédécesseur (réd: Donald Trump) étaient mal conçus. Nous pensons qu'ils ont augmenté les coûts pour les familles et les petites entreprises américaines, ainsi que pour les éleveurs», avait-il affirmé, évoquant également les «pratiques commerciales préjudiciables de la Chine». (sda/ats/afp/acu)