Kevin McCarthy adopte un nouveau ton. Une procédure de destitution contre le président Joe Biden ne pourra probablement plus être évitée, a déclaré le président de la Chambre des représentants cette semaine lors d'une interview télévisée - les accusations de corruption contre le démocrate à la Maison-Blanche sont tellement massives. «Je pense que nous irons jusqu'au bout», a déclaré McCarthy à la chaîne Fox News Channel.
Le républicain, président depuis le début de l'année, n'est pas allé jusqu'à demander l'impeachment de Biden. Il a plutôt parlé d'une enquête de la grande chambre du Parlement qui pourrait peut-être conduire à une procédure formelle de destitution. Mais en fin de compte, cela revient à couper les cheveux en quatre. Les deux procédures d'impeachment contre le prédécesseur de Biden, Donald Trump, l'ont montré : une fois que le président - en 2019 et 2021, il s'agissait de la démocrate Nancy Pelosi - a donné son feu vert, le train ne peut plus être arrêté.
De plus, les républicains, qui représentent actuellement 222 des 435 députés de la Chambre des représentants, sont déjà convaincus que Biden est corrompu. C'est en tout cas ce qu'affirment des députés de premier plan comme Jim Jordan ou James Comer, qui mènent depuis des semaines des enquêtes à ce sujet contre le président.
Au centre de ces auditions se trouve en premier lieu Hunter Biden, 53 ans. Tandis que son père gagnait en influence à Washington, son fils monétisait son nom de famille. Il a ainsi monté des affaires en Ukraine, en Roumanie ou encore en Chine, alors que l'ex-sénateur Joe Biden a été l'adjoint du président Barack Obama de 2009 à 2017.
En fait, ce n'est pas illégal. Mais en 2015 au plus tard, après le décès de son jeune frère d'un cancer, Hunter a perdu le contrôle de sa vie privée. Pendant des années, il a sombré dans la drogue et l'alcool, fréquenté des prostituées et négligé sa famille.
Il paie aujourd'hui le prix de ce comportement. Mercredi, Hunter Biden est attendu au tribunal fédéral de Wilmington (Delaware), où il plaidera coupable à deux chefs d'accusation. Selon ce dernier, le fils du président a évité de payer des impôts sur le revenu en 2017 et 2018. En contrepartie, le juge en charge de l'affaire le condamnera à une peine avec sursis.
Pour les républicains, cette affaire sent le coup monté. Ils affirment que le procureur en charge de l'affaire – qui doit d'ailleurs son poste au président Trump – a traité Hunter Biden avec trop de soin. Ils font référence à un ordinateur portable du fils du président, qui avait joué un rôle secondaire important dans la phase finale de la campagne électorale de 2020. Cet appareil contiendrait des preuves de nombreux autres délits, selon des républicains de premier plan.
Mais l'accusation numéro deux est plus importante: les députés Jordan et Comer affirment que Joe Biden était au courant des affaires louches de son fils et qu'il les a encouragées en tant que sénateur ou vice-président. Ils parlent régulièrement de la «Biden Crime Family», comme si le président en fonction depuis 2021 était le président d'un clan mafieux.
Les deux républicains étayent cette affirmation par de nombreux documents et témoignages. Mais jusqu'à présent, les preuves solides font défaut. (Beaucoup de ces insinuations sonnent familières, puisque la première procédure d'impeachment contre Trump portait déjà sur les affaires de Hunter Biden à l'étranger). On ne peut s'empêcher de penser que les républicains veulent se venger des nombreuses procédures politiques et juridiques engagées contre Trump.
Mais il est également vrai que Hunter n'a pas caché qu'il était un Biden. Il est bien possible que ses partenaires commerciaux aient eu l'impression qu'ils pouvaient, via le fils, influencer le père influent. Mais Joe Biden affirme qu'il n'a jamais parlé à Hunter de ses accords. Et sa porte-parole a confirmé cette semaine: «le président n'a jamais fait d'affaires avec son fils».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)