Trois personnes ont été tuées par balles ce mercredi, avant que le tireur présumé ne soit à son tour abattu par la police. Ce drame, qui s'est déroulé sur un campus universitaire à Las Vegas, n'est que le dernier d'une très longue liste. Il s'agit, en effet, de la onzième fusillade recensée aux Etats-Unis en décembre. Depuis le début du mois, on compte déjà 18 morts, soit près de trois par jour en moyenne.
2023 ressemble cruellement à son dernier mois: alors qu'il manque encore trois bonnes semaines jusqu'à la fin de l'année, le nombre de personnes tuées dans des fusillades a déjà dépassé le dernier record en date, datant de 2021. Le bilan actuel atteint 668 morts, selon les données recueillies par le site de référence Gun Violence Archive (GVA). Plus de 2600 personnes ont été blessées.
Au cours des dernières années, le nombre des victimes est monté en flèche. Alors qu'on recensait 257 morts en 2014, ce chiffre dépasse régulièrement les 600 unités depuis 2021. En 9 ans, la progression a été de 159%. Le nombre de fusillades suit une évolution similaire: de 272 cas en 2014, on est passé à 632 en 2023 et 645 l'année dernière.
L'année 2023 marque également un autre «effroyable» record, ont récemment rapporté les médias américains. Celui du nombre de fusillades ayant fait au moins quatre victimes: le GVA en a recensé 38, contre 36 l'année dernière. Elles ont fait, à elles seules, 199 morts, sans compter les tireurs.
Plusieurs épisodes particulièrement meurtriers ont eu lieu depuis le début de l'année.
Trois des cinq fusillades les plus meurtrières de 2023 ont eu lieu en janvier. Avec 87 victimes, le premier mois de l'année a été le pire de l'histoire américaine. Un autre record négatif.
Ces massacres ne représentent que la pointe de l'iceberg: une multitude de fusillades au bilan moins lourd ont lieu à une fréquence impressionnante. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu'un tireur ouvre le feu sur d'autres personnes, parfois sans tuer personne (cela a été le cas 285 fois cette année). Il arrive également souvent que plusieurs fusillades éclatent le même jour: rien que le 1er janvier, le GVA en a dénombré six.
Il s'agit en somme d'un phénomène omniprésent, même si tous les cas ne défrayent pas la chronique. Et pour cause, affirme le Washington Post:
Près de 42 millions d'Américains, soit plus d'un huitième de la population du pays, ont vécu à moins d'un kilomètre d'une fusillade de masse depuis 2014, selon les calculs de CNN. Elles ont lieu partout: dans les maisons, les supermarchés, les lieux de culte, les cinémas, les lieux de travail, les concerts, les campus universitaires et les écoles, énumère MSNBC News.
Leur répartition sur le territoire national n'est pas uniforme. Alors que certaines régions n'ont connu aucun cas cette année, d'autres Etats cumulent les fusillades. Il s'agit notamment du Texas, de la Californie et de la Floride.
La prolifération des armes à feu sur le territoire et leur facilité d'accès expliquent en partie ce «phénomène typiquement américain». Le pays compte davantage d'armes individuelles que d'habitants: un adulte sur trois possède au moins une arme et près d'un adulte sur deux vit dans un foyer où on peut en trouver une.
Malgré les appels à durcir la loi, répétés par le président Joe Biden après chaque fusillade, la situation n'est pas près de changer. Sans majorité au Congrès, où la Chambre des représentants est dominée par les républicains, cela reste un vœu pieux.
«Nous devons apprendre à nos enfants à gérer le stress et à surmonter la colère et la haine par d'autres moyens que le recours aux armes à feu», a déclaré la maire de Las Vegas, Carolyn Goodman, à la suite de la fusillade de ce mercredi. Ce n'est pas gagné.